Du traditionnel au numérique, la vision de Matthieu Lauffray

Photoshop a permis la modification des images. Avec Photoshop tout est devenu possible !

Matthieu Lauffray

Au programme de ce jeudi 3 avril :

Du traditionnel au numérique

Comment le créatif s’est-il adapté à l’arrivée du numérique ? Qu’apporte le travail traditionnel par rapport au numérique ? Peut-on passer au tout numérique ? Et pour introduire ce sujet, Matthieu Lauffray nous a fait le plaisir de partager avec nous son expérience et sa vision personnelle de la transition au numérique.

La soirée s’est donc articulée en 3 temps : notre invité Matthieu Lauffray a tout d’abord exprimé son point de vue sur le sujet, puis un débat a eu lieu autour de questions clés et enfin l’échange s’est terminé de manière plus informelle autour d’un verre au comptoir du Numa. Matthieu Lauffray, concepteur designer et créateur de BD, nous a tout d’abord raconté comment il a vécu ce passage du dessin traditionnel au numérique.

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Matthieu nous explique que le passage au numérique s’est fait dans les années 90s. C’est à ce moment que les pratiques traditionnelles ont peu à peu été délaissées. Sans enseignement, l’adaptation a été difficile : naissance de styles nouveaux notamment dans la BD franco-belge ainsi que des difficultés pour beaucoup de dessinateurs et d’illustrateurs qui ont été livrés à eux-mêmes. Les métiers ont eux aussi changé : il fallait désormais se tourner vers un emploi soit en pub, en BD ou alors en illustration.
Dans les pratiques, on a pu observer un grand changement dans le traitement de la 2D.

L’arrivée d’outils, comme Photoshop et Illustrator, et surtout avec l’apparition d’Internet a complètement changé l’univers de l’illustrateur : “Photoshop a permis la modification des images. Avec Photoshop tout est devenu possible !” Tout le monde s’est mis à être designer graphique, les illustrateurs ont ainsi découvert en Photoshop un outil de conception permettant de transformer un rough en quelque chose de finalisé. Les créatifs ont appris à développer la typographie.

Ces outils ont conditionné la capacité de l’auteur à développer des idées mais aussi les méthodes pour arriver à une image, aujourd’hui, quasiment toutes identiques. Malheureusement cela uniformise le rendu. Pourtant Photoshop offre la possibilité aux auteurs de choisir différents instruments : les brosses sont paramétrables et peuvent donc générer le chaos nécessaire à la création.

Le dessinateur et l’illustrateur d’aujourd’hui l’ont bien compris, ils arrivent à maturité. En revanche, l’industrie du cinéma s’est laissée abuser par une image au détriment d’un design de volume. Par conséquent, toutes les images se ressemblent. Aujourd’hui, les équipes des effets spéciaux sont primordiales dans la réalisation d’un film. Difficile de transmettre ainsi de l’émotion dans des films ayant une esthétique proche. A contrario, le dessin est un acte d’humilité.

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Illustration de Hélène Pouille

La tendance s’inverse aujourd’hui. Les cinéastes commencent à arrêter de faire du spectacle pour du spectacle au profit d’un retour à l’émotion. Matthieu lui est un amoureux du style. Les oeuvres qu’il préfère sont celles qui envoie un signal émotionnel. “La qualité de regard sur une idée va en faire une oeuvre”. Pourquoi les jeux-vidéos, industrie à gros budget également, arrivent-ils à transmettre une telle émotion à travers ses images ? Pour Matthieu la réponse est simple : dans le jeu l’idée prime, une idée “funky” peut plaire aux décisionnaires qui vont mettre tous les moyens en oeuvre pour la faire ressortir.

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Dans la continuité de l’intervention de Matthieu Lauffray, Olivier Saint-Léger a lancé le débat sur trois sujets :

Quels sont les freins à la mutation du traditionnel au numérique ?

Pour ceux dont le métier est de numériser le presse papier, les deux freins principaux rencontrés sont l’adaptation à la multiplicité des supports et la réticence des lecteurs à utiliser ces outils. Ces freins sont très spécifiques aux personnes travaillant dans le webdesign et la création d’interface. Matthieu Lauffray est d’accord sur le fait que l’on revient à un marché de l’original. Avec la numérisation on perd ce côté quasi “sensuel” du rapport avec l’objet.

Quel est le rôle de l’éducation ?

Selon Peter Gabor, il faudrait apprendre aux étudiants en art à dessiner et à coder en même temps car il est aujourd’hui essentiel de maîtriser les deux. Les métiers changent et donc la formation doit aussi s’adapter. Certains pensent au contraire qu’il faut commencer par maîtriser le dessin traditionnel et ensuite passer au numérique. Le numérique devrait être introduit de manière progressive.

Pourtant, l’accélération du processus créatif grâce aux outils numériques, peut rendre le retour au dessin traditionnel frustrant. Pour Matthieu Lauffray il y a une violence lorsqu’on est face à sa feuille qui n’existe pas lorsque l’on est face à l’écran. Sur l’écran il est possible de modifier à l’infini alors que sur papier l’essai est limité. Le travail digital incite aux itérations alors que le papier permet de se concentrer. Avec les outils numériques les illustrations deviennent plus faciles à créer, donc il y a de plus en plus de possibilités d’expression.

Peut-on imaginer une workflow totalement numérique ?

Tout dépend de l’individu et de son rapport à l’outil. Dans la chaîne de fabrication d’une application, la partie création papier peut faire gagner du temps. Le “paper prototyping” permet de poser rapidement une idée sur une feuille de papier pour la montrer plus facilement à ses collaborateurs. Jonathan Menet, Directeur artistique indépendant, lui pense que l’on peut totalement tout numériser. Les flux avec les clients s’en trouvent simplifiés. Le numérique a transformé la manière de travailler avec les gens.

Il peut y avoir un problème d’échelle lorsqu’on décide de tout faire par le numérique. Stéphane Baril, Expert consultant d’Adobe, donne comme exemple la création d’un mug grâce à une imprimante 3D : l’erreur d’échelle s’est ressentie au moment de l’impression, et il a fallut modéliser l’objet à la main sur une feuille pour redéfinir l’échelle.

Sylvain Weber, CEO de Kontest, créé un parallèle entre le paperboard et le dessin papier. Le paperboard permet encore à l’heure du numérique de mettre à plat ses idées de manière rapide et permet lors de réunions de gagner en efficacité. Toutefois, pour pouvoir en garder une trace et le partager avec ses collaborateurs, la numérisation de cette feuille de paperboard reste indispensable.

22h, fin du débat pour le prolonger au tour d’un verre et d’un hotdog.
Une première édition réussie où chacun a pu exprimer son point de vue dans l’ambiance conviviale de ces nouveaux Creative Drink-Up!

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Photographies de Peter Gabor : Soirée Creative Drink-up! #1

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