Le marketing sous la pression du mobile | Social Drink Up #08
Quelle est la place pour le marketing aujourd’hui ? Tout simplement au fond de la poche de vos clients ! Impossible en effet de passer à coté du smartphone qui accompagne désormais presque un humain sur trois. Or avec le mobile, l’enjeu est bien de transformer la relation client vers un modèle de communication bilatérale, personnalisée (ou intime) et temps réel. Pour le marketeur, les règles changent : il faut interagir en continu, offrir des services contextualisés, repenser de fond en comble l’expérience utilisateur ou encore proposer des contenus forts qui favoriseront la fidélité. C’est toute une chaîne de valeurs que le marketing mobile doit aujourd’hui réinventer pour repousser encore plus loin les limites/frontières dans la relation avec le client.
Le marketing sous la pression du mobile
Mais la mise en œuvre d’une stratégie de marketing mobile n’est pas simple. Comment gérer cette approche marketing ? Quelles en sont les contraintes ? Quels sont les projets innovants qui peuvent faire référence ? Nous tenterons de répondre à ces interrogations lors de cette 8ème édition des Social Drink Up!
Jacinthe Busson, co-fondatrice de la société Kontest, nous présente en guise d’introduction l’état des lieux de l’usage du mobile en France.
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Jacinthe commence avec un constat assez prévisible mais tout de même impressionnant : 1 Français sur 2 possède aujourd’hui un smartphone. L’usage de cet outil s’est donc généralisé, mais également transformé. On observe en effet que l’utilisateur passe en moyenne une heure par jour sur son smartphone. Le mobile a permis l’accès partout et tout le temps à des médias riches tels que la vidéo : aujourd’hui, 1 vidéo sur 6 est visionnée sur mobile. On comprend donc l’engouement qu’ont à l’heure actuelle les marques et les médias pour le mobile. Facebook mise d’ailleurs énormément sur ses formats publicitaires vidéos en “autorun” sur mobile. Les visiteurs s’intéressent également de plus en plus aux contenus diffusés sur mobile. En effet, le fameux précepte consistant à dire que l’essentiel du contenu doit être affiché sur le premier écran d’un site est désormais révolu. De plus, le mobile est désormais un vecteur d’achat important. C’est un outil qui s’intègre parfaitement dans le processus d’achat, que ce soit pour la recherche d’informations ou pour l’acte lui‑même. Les chiffres mis en avant par Jacinthe montrent bien qu’aujourd’hui les marques ne peuvent faire l’impasse sur le mobile.
Pour illustrer cette fameuse révolution mobile dans le marketing, les invités de cette 8ème édition, Alexandre Jubien, consultant en stratégie mobile chez Think Mobile et Laure Wagner, Corporate Communication Manager chez BlaBlaCar, nous exposent tour à tour leur vision au travers d’exemples et de cas concrets
Alexandre, expert en mobile et ancien de Deezer et Viadeo, s’amuse de l’expression “2015, l’année du mobile”. En effet, cette tendance se répète depuis 2004. Alors pourquoi 2015 serait plus mobile que 2014, 2013, 2012… ? Ce qui est en tout cas certain, c’est que nous ne pouvons plus faire sans. Le mobile est partout : à l’échelle de la planète il est même plus adopté que la brosse à dents ! Il s’agit d’une réelle révolution car le mobile est devenu comme il le dit “une extension de notre cerveau”. Ces paroles ne sont pas sans fondements, Alexandre nous explique en 7 points, pourquoi il est légitime de parler aujourd’hui d’une révolution mobile.
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1 / Partout, tout le temps
D’après Alexandre, le premier argument est le fait que le mobile est omniprésent. C’est effectivement le premier appareil connecté que l’on a tout le temps sur soi. Il remplit une fonction utilitaire en résolvant certains de nos problèmes et c’est aussi un véritable compagnon de vie.
2/ Monde digital / Monde physique
A l’heure où les relations se digitalisent, le mobile joue un rôle de connecteur entre le monde digital et le monde réel. Il permet notamment de “scanner” le monde physique au travers d’applications telles que Shazam, les applications de géolocalisation ou encore Google Translate. De nombreuses marques ont su tirer profit de cette technologie pour tenter d’améliorer leur performance de ventes. Alexandre cite notamment la marque Séphora qui excelle dans le m‑to-store grâce à son application mobile et l’application Amazon Flow qui a révolutionné l’acte d’achat en permettant d’acheter tout objet scanné depuis son mobile. Pour autant, il est difficile dans la plupart des cas de mesurer les conversions liées au mobile car ce dernier sert principalement à se renseigner sur le produit.
3/ L’instantanéité
Alexandre insiste ensuite sur le fait que le mobile réduit le temps d’attente, il parle d’instantanéité du mobile. Les utilisateurs sont devenus de plus en plus exigeants et désirent obtenir une information en quelques secondes, voire en temps réel.
4/ La facilité d’utilisation
La simple image commune d’un enfant maniant avec aisance un mobile illustre avec brio le quatrième point abordé par Alexandre : la facilité d’utilisation. Le mobile malgré ses multiples fonctionnalités se veut intuitif et accessible à tous.
5/ Réduit les frictions
Un autre avantage du mobile est qu’il permet la réduction des points de friction. Alexandre cite ces quelques applications utiles qui ont réussi à améliorer notre quotidien : Lafourchette.com pour la réservation immédiate d’un restaurant, Voyages-sncf ou encore Uber pour ses trajets…
6/ Hub des capteurs
Le mobile est pour Alexandre au coeur de l’Internet des objets. Il permet en effet de contrôler et de maîtriser les objets qui nous entourent en prenant tour à tour le rôle d’émetteur ou de récepteur.
7/ Des supers pouvoirs
Peut-être allons-nous tous devenir télépathes ? Ce qui est certain, selon Alexandre, c’est que le mobile a déjà cette faculté de pouvoir transmettre notre pensée : lorsque nous lui commandons des actions à voix haute par exemple. Mais au-delà de la télépathie, le mobile possède de nombreux autres supers pouvoirs. Alexandre s’est d’ailleurs amusé à faire l’analogie des supers pouvoirs des personnages de la série Heroes avec ceux du mobile. Il ressort de cette étude que la conscience collective fait partie des (supers) pouvoirs déjà acquis par le mobile : il permet une connexion en temps réel au monde entier notamment grâce aux réseaux sociaux.
Après nous avoir présenté les différentes composantes de cette révolution mobile, Alexandre aborde le thème des apps, éléments stratégique du marketing mobile. L’application est tout d’abord un élément visuel présent au quotidien sur l’écran de l’utilisateur, elle fait donc partie intégrante de la vie du consommateur. Faut-il pour autant que les marques créent chacune leur app ? La création d’une application doit avant tout résulter d’une réflexion stratégique car le chemin est long avant qu’une app soit adoptée et installée par l’utilisateur.
Selon Alexandre, on constate jusqu’à récemment un échec des marques sur le créneau des apps car elles ont très vite considéré l’application comme un canal de communication marketing. Or en matière d’apps, il ne faut surtout pas négliger l’approche produit. Certaines sociétés ont tout de même réussi à intégrer cette vision du produit à leur stratégie de développement d’application, c’est notamment le cas de BlaBlaCar.
Alexandre nous présente ensuite quelques exemples d’application crées dans le cadre d’opérations marketing. Une des opérations marquantes de ces dernières années est l’application Chok Chok Chok de Coca-Cola à Hong Kong, le principe : secouer son mobile pour gagner des goodies à chaque passage de la pub TV. Cette opération a fonctionné car elle a offert de l’utile (des goodies) et qu’elle s’est parfaitement intégrée au quotidien des usagers. Toutefois, la campagne qui a le plus marqué Alexandre est celle de Nivea Sun au Brésil. Nivea a su grâce à cette application lier complètement le monde réel au digital : l’application connecte en effet une montre détachable, présente sur une publicité papier, à votre smartphone permettant ainsi aux parents de connaître la position de leur enfant. Une application qui digitalise le réel et qui possède également un côté utilitaire car elle offre une solution à un vrai problème.
Alexandre conclu sa présentation par deux phrases très simples qui caractérisent selon lui le mieux la révolution mobile : “Pour penser mobile il va falloir penser produit” et “L’annonceur devient éditeur”.
C’est donc au tour de Laure Wagner, Corporate Communication Manager, de nous parler de la révolution mobile vécue chez BlaBlaCar. Laure nous rappelle rapidement l’histoire de BlaBlaCar, ce service de covoiturage en ligne qui permet de faire des économies sur ses trajets en partageant sa voiture. Avec ses 10 millions de membres en 2014, le service est en pleine croissance. Il est aujourd’hui disponible dans 14 pays dont l’Inde où il s’est lancé tout récemment. Un succès perceptible également au nombre important de personnes présentes dans l’assemblée ayant déjà testé le service.
Mais ce qui nous intéresse avant tout, c’est de savoir pourquoi BlaBlaCar se dit “Mobile First” ? Lancé en 2006, la startup de covoiturage n’attend pas plus d’un an avant d’adapter son site au mobile. En 2009, l’application BlaBlaCar est disponible sur l’Appstore puis quelques temps après en version Android. L’application a une fonction utilitaire car elle permet de réserver ses trajets en tout lieu et à tout moment, ce qui est pratique pour les voyageurs et conducteurs souvent en déplacement. Cette mobilité a également eu un impact surprenant sur le nombre de réservation last minute : ce dernier a augmenté considérablement grâce à l’accès aux réservations via mobile.
Cette volonté d’être “Mobile First”, Laure l’a également ressenti au sein de l’organisation interne. Le deuxième employé recruté a été un développeur mobile et au fur et à mesure c’est toute l’équipe entière qui a été orientée mobile. Le produit lui‑même est d’abord pensé mobile avant même d’être décliné pour le web.
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Au niveau du Marketing, le mobile a également drivé les stratégies online et offline. L’achat publicitaire online se fait à la fois sur desktop et mobile (Facebook, Display RTB…) et le mobile est aussi mis en avant dans l’affichage et les spots TV de la marque. Par ailleurs, BlaBlaCar prend un soin particulier à choisir ses partenaires en fonction de leur approche du mobile.
Avec l’essor du mobile, le site même de BlaBlacar a évolué vers une landing page totalement “Mobile First”. Dans les nouveaux pays où le service est lancé (Inde et Turquie), la page d’accueil du site met effectivement radicalement en avant le téléchargement de l’application mobile.
BlaBlacar a donc construit sa réussite sur une stratégie de “Mobile First”, mais pour pouvoir grandir, la société a également dû s’appuyer sur des valeurs clés. Laure nous explique pour conclure les différents valeurs de la marque :
“Think it, build it, use it” Cette phrase annonce clairement la couleur : 100% des employés de BlaBlaCar sont également des utilisateurs du service et 40% en sont ambassadeurs. Ils aident ainsi à faire constamment progresser le service en suggérant pour chaque trajet une amélioration.
“The member is the boss” La communauté est mise au coeur de l’évolution du produit notamment grâce à l’élaboration de groupes Google + de Beta testeurs et également grâce à des rencontres IRL sous forme de meetup.
Laure résume toutes ces valeurs par l’acronyme de confiance imaginé par BlaBlaCar :
D.R.E.A.M.S. (Declared, Rated, Engaged, Active, Moderated et Social).
Question de la salle aux intervenants :
Pour BlaBlacar, prévoyez-vous un accord de partenariat avec des services annexes ? Par exemple Meetic.
LW : Non car nous avons fait un travail sur l’identification des freins au covoiturage et que de cette étude était ressortie que les femmes n’aimaient être séduite durant leur trajet.
Les usages mobiles sont-ils différents selon les pays ?
LW : En comparaison à l’Europe, l’Inde est un pays qui utilise beaucoup plus le mobile. Le covoiturage est également différent en Inde : il touche principalement les classes supérieures et le voyage se fait entre caste. BlaBlacar affiche donc les noms de famille en Inde car ils reflètent les castes de chaque membre.
Comment avez-vous fédéré autour de la vision du mobile ?
LW : Cela se fait au moment du recrutement, les personnes recrutées doivent avoir cette vision mobile et être passionnés. C’est ensuite un dialogue permanent entre chaque équipe grâce à des réunions régulières où le mobile est au centre des conversations.
Quels sont les erreurs à éviter lorsqu’on souhaite lancer une application mobile ?
AJ : Tout d’abord il est important de parler à ses utilisateurs. Il faut ensuite comprendre et agir sans vouloir aller trop vite. Il est primordial de ne pas ajouter des fonctionnalités en quantité sans avoir au préalable réfléchi à la question “quel problème va résoudre cette fonctionnalité”.
LW : Chez BlaBlaCar on dit souvent “Done is better than perfect”. Cela signifie qu’on préfèrera les solutions courtes aux longues quitte à devoir itérer par la suite.
**BlaBlaCar, avez-vous un retour d’expérience sur la publicité mobile sur Facebook ?
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LW : On est très à l’affût des nouveaux formats, on a d’ailleurs testé dernièrement le format permettant un téléchargement de l’application. On aime être pionnier sur ce domaine.
**AJ : **La publicité mobile n’a pas très bien marché au début. Mais les nouvelles formes de publicité mobile telles que le native advertising et le display premium marchent eux plutôt bien.
Relais médias
Journal du Net — Chronique de Christophe Marée »
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