Comment votre marque peut atteindre l’excellence mobile ?
Pour la plupart, les marketeurs n’ont pas encore eu le temps d’absorber l’onde de choc créée par Internet et de nombreuses questions restent en suspens.
Pourtant, le mobile est bien là et va générer une nouvelle rupture tout aussi grande à laquelle les marketers ne semblent pas préparés. Il est donc temps de se pencher plus sérieusement sur ce petit compagnon dont nous sommes tous plus ou moins dépendants. Loin d’être un simple écran, le mobile doit être considéré de manière très importante par les marques.
Adobe et Econsultancy vous propose une étude très poussée (3000 marketers et professionnels du digital sur les 5 zones) afin de vous donner un éclairage du niveau de maturité mais aussi pour vous aider à parvenir à l’excellence mobile.
Il n’est désormais plus nécessaire de prouver qu’au sein des foyers l’ordinateur va disparaitre au profit des tablettes et mobiles (à date 31% des connexions en moyenne) et cela a des impacts beaucoup plus fort qu’un simple reformatage de la taille des contenus. Ainsi, c’est la première fois qu’un outil nous permet d’aller aussi profondément dans l’expérience consommateur. Or, nul doute que le futur du marketing sera personnel et personnalisé. Cette étude nous propose donc un tour d’horizon, sur l’ensemble des zones, de la manière dont les marques appréhendent le mobile.
La majorité des entreprises n’ont pas de stratégie mobile
Il est toujours intéressant de discuter avec des start-up et des marques. Les premières vous disent « si l’on souhaite me voir pour le business et que l’on évoque pas le mobile, je ne reçois pas la personne » et de l’autre « nous cherchons à devenir une entreprise « digital first ». Un clivage fort qui marque un certain décalage dans la compréhension des enjeux d’aujourd’hui.
En effet, selon le rapport, seules 21% des entreprises interrogées se considèrent comme « mobile first » et moins d’un tiers considèrent que le mobile est central dans leur business et dans l’engagement avec les consommateurs. Par conséquent, la très grande majorité (64%) n’ont pas de stratégie mobile selon leurs propres déclarations et 80% selon leurs agences.
Pour le moment, elles s’adaptent avec des sites en « responsive design » (58% des interrogés) ou parfois « adaptive » (23% des interrogés) et considèrent pour 71% d’entres elles que l’accès par ordinateur est l’outil clef pour offrir la meilleure expérience utilisateurs.
La maturité sur le mobile n’est donc pas au rendez-vous mais, ce qui semble plus inquiétant, c’est que moins d’un tiers (29%) des personnes interrogées considèrent le mobile comme central dans leur business… Pourtant, 21% des revenus de l’e‑commerce proviennent d’ores et déjà du mobile et il est, par ailleurs, prouvé que le digital a influencé pour plus d’1 milliard de dollars le commerce en magasin en 2014 (source Cap Gemini).
Il existe donc une forte incompréhension de la révolution qu’entraine le mobile chez la plupart des marketeurs.
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On pourrait imaginer que cela est différent sur certaines zones comme l’Asie mais les chiffres prouvent à l’inverse un relatif équilibre sur l’ensemble des régions du monde.
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A terme il n’y aura évidemment pas de « stratégie mobile » ni de « stratégie digitale » mais bel et bien une stratégie marketing qui saura utiliser chacun des outils afin d’offrir aux clients une expérience optimisée. Néanmoins, pour le moment, nous sommes dans une phase de transition durant laquelle, une équipe spécifique doit véritablement réfléchir à la transformation liée au mobile. En particulier, il est désormais essentiel de réfléchir à la différence d’usage entre une tablette (37% du trafic mobile), un smartphone (63% du trafic mobile) ou une montre et comment ces outils vont éventuellement interagir avec d’autres objets connectés.
Le mobile : d’un outil tactique à une vision stratégique
Afin de se construire une vision stratégique du mobile, il est nécessaire de comprendre les spécificités du support bien sûr (un outil à portée de main en permanence, un outil très personnel, un écran de taille réduite entre autres) mais aussi d’expérimenter afin de comprendre ce qui fonctionne et ce qui n’a pas d’écho chez le consommateur.
Or, 42% des entreprises interrogées dans l’étude annoncent n’avoir aucun budget spécifique à l’expérimentation sur mobile. Pourtant, sans test il sera difficile de trouver ses propres bonnes pratiques tant sur tablette que sur mobile. Pour ce faire, les KPIs vont évidemment être clefs et ils doivent être poussés plus loin que le simple nombre de téléchargements d’une application ou le temps passé sur un site web.
Dans la mesure où le mobile est souvent la première porte d’entrée pour les consommateurs et qu’il intervient partout dans le parcours d’achat, il faut analyser l’engagement et être capable de définir à quel moment spécifique le mobile intervient mais aussi de comprendre comment les clients passent d’un smartphone à une tablette par exemple. Au sein de l’étude, seules 29% des répondants disent suivre ce type de données. Pourtant, c’est en entrant dans ce type de nuances qu’une marque va être capable de se démarquer. De manière plus générale, à peine 51% des marques interrogées déclarent mesurer aujourd’hui l’engagement utilisateur et le R.O.I. dans leurs activités mobiles.
Penser mobile et consommateur, ce n’est pas uniquement penser aux usages du consommateur mais c’est aussi s’interroger sur la manière dont les vendeurs en magasins peuvent améliorer leur posture grâce au mobile. Pourtant seules 24% des marques interrogées disent s’intéresser à cette question. L’enseigne Séphora entre autres a développé à ce titre une application particulièrement intéressante pour ses vendeurs afin d’accompagner l’expérience utilisateur mais aussi d’augmenter le panier moyen.
Toutefois pour mesurer encore faut-il savoir les objectifs que vous vous êtes assignés de manière spécifique.
Site mobile ou application : il ne faut plus choisir
Pendant toute une période les marques se sont lancées les yeux fermés dans une course effrénée à l’application mobile. Le résultat est sans appel, 80% des applications de marque ont été téléchargées moins de 1000 fois. La raison quasi systématique de ces échecs en chaine était d’avoir essayé de reproduire son site dans une application sans penser à l’intérêt pour le consommateur, ni la capacité de l’application à servir au jour le jour. Une application qui n’est pas ouverte de manière régulière est rapidement supprimée par le détenteur du téléphone. D’ailleurs, les marketeurs interrogés ne s’y trompent pas puisqu’ils sont 44% à déclarer qu’il est difficile de sortir du lot quant il s’agit d’applications mobiles.
Dans le même temps, la majorité utilise les applications mobile pour simplement délivrer du contenu de marque, ce qui n’a pas toujours beaucoup d’intérêt pour les consommateurs. Les marques affirmant détenir une application transactionnelle sont une petite minorité (3%) vs les marques possédant un site transactionnel (37%) — Une tendance particulièrement marquée dans le secteur du retail puisque 58% des interrogés déclarent avoir un site transactionnel et 1% d’entre eux une application transactionnelle.
En 2015, la question n’est plus vraiment de savoir s’il vaut mieux une application ou un site mobile mais plutôt comment les 2 vont intervenir dans le parcours du consommateur et quels vont être leurs usages propres pour le consommateur. Dans un monde où les consommateurs ont de moins en moins de temps, ils attendent d’une application de réfléchir à leur place et de les aider au quotidien. Le challenge étant évidemment d’offrir une expérience sans couture afin de se distinguer de la concurrence mais aussi d’éviter de se faire disrupter.
Le rapport offre quelques clefs à travers une série de questions comme :
- Comment cette application apporte de la valeur ajoutée à la vie du consommateur ?
- Comment la marque peut-elle utiliser les données pour apporter une expérience personnalisée pour différentes typologies d’audience et dans différentes situations ?
- Dans quelle mesure le lieu et l’heure peuvent apporter de la pertinence aux utilisateurs de l’application ?
- Comment la marque peut utiliser les données qu’elle possède afin de répondre aux désirs du consommateur ?
- Comment la marque peut structurer les données afin de les redonner au consommateur dans une expérience unique et à valeur ajoutée ?
Starbucks est sans doute le meilleur exemple dans ce cadre puisqu’aujourd’hui 16% des revenus du groupe sur le territoire U.S. sont réalisés directement depuis leur application. Tant et si bien que l’application est devenu centrale dans l’expérience magasin avec la capacité de commander et de régler avant même d’arriver à la boutique.
Encore une fois, le nombre de téléchargement ne doit pas être considéré comme un KPI mais simplement comme un moyen d’arriver à ses fins. Pourtant ce sont 76% des répondants qui disent regarder ce chiffre en priorité et moins de la moitié vont plus en profondeur… Cela ressemble aux marques qui regardaient uniquement leur nombre de fans sur Facebook pour savoir si elles étaient efficaces. Réflexion d’un autre temps aujourd’hui. Quant il s’agit de KPI sur les applications, il faut regarder la récurrence, le temps passé et bien évidemment le revenu.
Comme le rapport le rappelle, il est aussi essentiel de saisir qu’une application ne doit pas juste être lancée, il s’agit ensuite de la mettre à jour de manière très régulière. 40% des marques interrogées mettent à jour leur application une fois par mois et seulement 15% toutes les semaines. C’est évidemment ici aussi que le bât blesse car les marketeurs ne manquent pas d’informations pour améliorer leurs applications. En écoutant les expériences utilisateurs, il est possible de faire des progrès assez rapides et de coller aux attentes. 66% des marques annoncent écouter mais la majorité s’arrête au feedback direct et ne lisent pas particulièrement les commentaires sur le « store » ou sur les forums spécialisés par exemple.
Beaucoup de challenges en perspective et de nombreuses réponses apportées dans ce rapport Adobe/Econsultancy. En particulier, le point de l’organisation y est également abordé. En effet, à l’instar du digital, le mobile est un outil cross directions qui demande, encore une fois, de casser les silos organisationnels dans l’entreprise. Il semble pour le moment assez évident qu’il doit être sous l’égide du marketing et c’est d’ailleurs le cas pour presque la moitié des marques interrogées. En effet, ils sont les mieux placés pour construire un centre d’excellence du mobile au sein de l’entreprise. Nul doute, que la majorité des marques en auront un très rapidement afin de rester dans la course.
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Gregory Pouy
Grégory Pouy est le fondateur de LaMercatique, un cabinet de conseil marketing à l’ère digitale. Basé entre New York et Paris, il aide les marques dans leur intégration et leur compréhension du digital.
Il enseigne à Dauphine et à HEC.