Entretien avec Mister Gü : « Le plus important, ce n’est pas la technique mais l’émotion »

Un réalisateur professionnel qui a démarré en montant un projet personnel à New York et est devenu une vedette du Staff Picks de Vimeo : voici, en une phrase, le parcours de Günther Gheeraert, également appelé Mister Gü, un cinéaste et photographe basé à Paris, convaincu que la technologie peut faire naître des émotions. Lors d’un entretien, nous l’avons interrogé sur son travail, sa vision de réalisateur et, bien entendu, Star Wars.

« Lost in Manhattan » est une superbe exploration visuelle, chargée d’émotions. Pouvez-vous nous parler des coulisses de ce film et des textes que vous avez décidé d’ajouter au montage ?

« Lost in Manhattan » est un projet personnel que j’ai réalisé lorsque j’étais à New York. J’avais accompagné ma femme envoyée en mission par son entreprise, ce qui m’a permis d’y rester deux mois. Pour moi qui suis Français, la ville de New York a toujours été un rêve. J’ai marché pendant des heures dans la ville en filmant, pendant que ma femme était au travail, et j’étais fasciné par ces déambulations au hasard dans les rues.

C’est comme ça que j’ai eu l’idée de créer une vidéo sur ce paradoxe : se sentir seul au milieu de la foule, dans l’une des villes les plus peuplées du monde. Pour exprimer ce sentiment en images, j’ai utilisé un traitement de couleur spécial qui donne à la vidéo une touche vintage, et j’ai ajouté des textes numériques pour refléter mes émotions à travers la technologie.

Lost in Manhattan de Günther Gheeraert sur Vimeo.

Vous n’hésitez pas à expérimenter. Nous savons, par exemple, que vous filmez souvent 30 images par seconde en mode RAW et procédez ensuite à leur montage. Quelle différence y a-t-il entre ce procédé et les techniques plus classiques ? Le résultat est-il meilleur selon vous ?

J’ai essayé de trouver mon propre style visuel avec mes outils. C’est assez inhabituel, je vous l’accorde, mais j’adore fonctionner ainsi. J’ai toujours été un adepte du Canon 5D, surtout depuis que je peux utiliser Magic Lantern et enregistrer au format RAW, car la qualité des images est excellente. J’aime également utiliser des cadences d’images élevées pour lisser les actions tout en finesse. Cette technique influe évidemment sur mon style, mais avec un équilibre qui me permet de raconter les histoires exactement comme je l’entends.

Le plus important, ce n’est pas la technique mais les émotions que je peux créer grâce aux images et à la musique.

Avez-vous découvert ou testé dernièrement d’autres équipements intéressants ?

J’ai utilisé une caméra haute vitesse que je trouve fantastique. Mais là encore, je mets la technologie au service de l’émotion. Dans ma vidéo « DrinkWater », par exemple, je pense avoir réussi à créer une émotion en filmant simplement un verre d’eau, une tasse de café et un morceau de sucre.

Quels types de logiciels utilisez-vous ?

Généralement, je n’utilise qu’Adobe After Effects. Là aussi, c’est assez inhabituel, mais ce logiciel me permet à la fois de retoucher mes images, de corriger les couleurs et d’ajouter des animations ou des effets spéciaux. Grâce à Dynamic Link, je peux maintenant utiliser conjointement Premiere Pro et After Effects. Pour les animations, je me sers également d’Adobe Photoshop et d’Adobe Illustrator. Pour ce qui est des photos, j’adore Adobe Lightroom !

Il semble que vous soyez impatient de découvrir le dernier Star Wars – avez-vous suivi cette saga lorsque vous étiez enfant ? Pensez-vous qu’elle vous ait donné envie de devenir réalisateur ?

Star Wars est l’une des épopées cinématographiques les plus célèbres au monde, et il est évident que son univers m’a influencé. Tout y est sous le signe de la créativité : l’histoire, les personnages, les images, la musique… Avant de devenir réalisateur, j’étais directeur artistique dans le domaine des jeux vidéo. J’ai toujours adoré la beauté et la diversité de cet univers artistique. J’ai notamment travaillé pour Atari sur la dernière version du jeu vidéo « Alone in the Dark ». Une expérience inoubliable !

Quelles sont les vidéos dont vous êtes le plus fier ?

Le film dont je suis le plus fier est peut-être « Rise Up », car il m’a permis de parcourir le monde, de rencontrer des gens formidables, de découvrir la richesse des cultures et de filmer des paysages à couper le souffle. J’ai également beaucoup collaboré avec les musiciens pour créer une bande-son unique en son genre, et en parfaite adéquation avec le film et les émotions qu’il suscite.

Rise Up de Günther Gheeraert sur Vimeo.

C’est en effet un très beau projet. Quelles sont les vidéos que vous auriez aimé réaliser ?

Difficile de répondre à cette question. Il y a tant de superbes vidéos venant chaque jour des quatre coins du monde et que j’aurais aimé réaliser… Si vous parcourez le Staff Picks de Vimeo, vous aurez une grande partie de votre réponse. Je suis d’ailleurs très fier que cinq de mes films figurent dans cette sélection.

Merci et bravo pour votre travail formidable !

Pour en savoir plus sur Mister Gü, consultez son site web personnel. Vous pouvez également le suivre sur Twitter (@Mister_Gu) et découvrir ses vidéos sur Vimeo. Cet entretien a été remanié par souci de clarté.