Trop de data tue-t-il la data ?
L’article d’aujourd’hui est une réaction à la récente publication dans le magazine L’usine digitale de l’interview du dirigeant d’une des enseignes de grande distribution les plus importantes en France, à propos de sa vision du digital. Interrogé sur la nécessité de capter et d’analyser la donnée pour les distributeurs, il répond ainsi : « Avec le Big Data, on est dans une bulle qui, quand elle va exploser, fera des dégâts considérables. Trop d’information tue l’information ».
Au-delà de la référence à l’économiste américain Arthur Laffer et à sa formule “Trop d’impôts tue l’impôt”, laquelle veut à la fois tout et rien dire et que chacun a tendance à récupérer à sa façon, ce grand patron semble considérer que l’on est piégé sous une énorme masse de données qu’on ne sait pas, ou que l’on n’a pas la capacité de traiter, et que ces données n’aident donc pas forcément à prendre des décisions éclairées.
Ces déclarations m’ont fait réagir car ma vision est autre : l’exploitation de la donnée, et, par-delà, de ce qu’on appelle Big Data, est une problématique ayant à la fois une dimension humaine et une dimension technologique. Un trop-plein d’infos bloque la capacité humaine à traiter cette information, mais en aucun cas celles des machines, qui ont une capacité de traitement bien supérieure à la nôtre. L’enjeu est donc ici pour moi celui de la capacité, et non du savoir-faire.
Une dimension humaine
Il s’agit ici d’évaluer la capacité humaine à exploiter ces milliers de données collectées jour après jour. De ce qui se passe en magasin au comportement d’un client sur l’application mobile de la marque, en passant par la manière dont un consommateur agit sur le parking du magasin ou bien dans les allées du supermarché, au panier moyen ou aux types de produits qu’il achète… Les marketeurs ont désormais des milliards de données à leur disposition : or, il est humainement impossible de traiter ces milliards de données, d’où l’importance de la dimension technologique et du recours à des outils adaptés.
Une dimension technologique
En réalité, l’enjeu n’est plus aujourd’hui de capter de l’info pour avoir de l’info, mais plutôt de récupérer des données correspondant spécifiquement à des cas d’usage pour lesquels on a besoin de proposer une réponse marketing personnalisée.
C’est notamment ce que permet Adobe Analytics à travers le module Contribution Analysis : celui-ci s’appuie sur les données collectées par Adobe Analytics pour traiter des informations qu’un cerveau humain ne serait pas en mesure d’obtenir (ou seulement au bout d’un très long laps de temps), et mesurer l’impact de tel ou tel événement sur un résultat.
Prenons l’exemple (réel mais que je ne peux hélas nommer) d’un commerçant BtoB, qui réalise soudainement une augmentation de 81% de ses commandes. Ce commerçant a affecté une équipe de 5 data scientists pendant tout un weekend pour essayer d’identifier les raisons de cette hausse : malheureusement, ils n’ont été en capacité d’analyser que 5 des 300 dimensions potentiellement en cause. En revanche, cela n’a pris que 30 secondes à l’outil pour réaliser que ce pic de commandes était lié à des bons de réduction frauduleux. Cela a ensuite permis aux responsables de supprimer les bons d’achats et d’annuler les commandes frauduleuses. La résolution du problème ne fut ainsi possible ici que grâce aux capacités technologiques du module, en raison du volume de données à traiter.
Autre exemple intéressant : une entreprise appartenant à l’industrie du voyage s’était rendue compte qu’elle disposait d’un manque à gagner quotidien de 1,7 million de dollars. Après analyse de l’outil, il s’avéra que la campagne la plus profitable de ce client avait été désactivée suite à une mauvaise interprétation des données de l’équipe Analytics. Le simple fait de réactiver cette campagne a ainsi permis à ce client de mettre fin à cette perte s’élevant jusqu’ à 1,7 million de dollars par jour.
C’est donc dans ce sens qu’on ne peut pas dire que « trop d’infos tue d’infos » : la machine a une capacité de traitement bien supérieure à la nôtre, mais on a besoin de l’humain pour la valeur ajoutée qu’il représente et son pouvoir décisionnel. Les 2 sont indispensables et les 2, associées, permettent de prendre des décisions incroyablement plus profitables qu’il y a quelques années…
De votre côté, quelle est votre opinion sur l’exploitation de la Big Data ? N’hésitez pas à poursuivre la discussion et à partager vos avis sur le sujet au sein de la section Commentaires !