Ludovic Florent, la photographie en immersion
Beaucoup de photographes sont des “loups solitaires”, ce n’est pas mon cas, j’ai besoin et j’aime le contact humain.
Installé à Metz depuis 1997, le photographe se spécialise très vite pour le studio, se concentrant sur l’expression de la beauté, du graphisme et de la grâce du corps humain. Explications au regard d’“Immersion”, un de ses projets réalisés sous l’eau.
— Propos recueillis et initialement publiés dans la rubrique “Talents à suivre” du n°226 d’Étapes
ÉTAPES : Ludovic, quel est votre parcours ?
Ludovic Florent : Je suis un photographe autodidacte, je n’ai pas fait d’école d’art pour me former et/ou me formater. J’ai appris sur le tas. Je me suis très vite et exclusivement tourné vers l’humain. Beaucoup de photographes sont des “loups solitaires”, ce n’est pas mon cas, j’ai besoin et j’aime le contact humain. Chaque séance est une rencontre, un échange, une confiance qui s’installe et qui permet, ensemble, de construire une image. Mon travail est avant tout de mettre en confiance mon modèle pour qu’il me livre un peu de son intimité, de son intériorité que je capture.
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ÉTAPES : De quoi parle ce projet “Immersion” ?
Ludovic Florent : À la base, cette série est une commande pour une scène nationale dans le Nord, La Rose des vents, à Villeneuve-d’Ascq. Le propos était d’illustrer le fait que lorsque l’on va au théâtre, on se retrouve face à des acteurs et des danseurs qui nous transportent, par leur jeu, dans un autre monde. D’une manière plus générale, c’est cela aussi le rôle de l’art. De là est venue l’idée d’“Immersion”, où j’ai réalisé des portraits aquatiques, avec une partie figurative pour nous raccrocher à l’humain, et un jeu de reflets vaporeux avec la surface de l’eau pour transporter notre esprit ailleurs…
ÉTAPES : Pouvez-vous nous éclairer sur la technique utilisée, le process ainsi que le matériel nécessaire pour ce type de prise de vue sous-marine ?
Ludovic Florent : Pour la prise de vue, je suis sous l’eau avec un reflex dans un caisson étanche de plongée. L’éclairage est réalisé à l’aide de fresnels à la surface de l’eau. Ce genre de sont la gestion de la lumière, bien plus complexe qu’en studio, mais aussi cet isolement, cette non-possibilité de communication orale avec son modèle. C’est assurément cela le plus déstabilisant, la confiance et la complicité doivent être encore bien plus forte.
ÉTAPES : Avez-vous un penchant pour ce type d’images “très flottantes” que vous semblez cultiver dans plusieurs de vos séries ?
Ludovic Florent : L’humain est tellement complexe, il a tellement de facettes, de secrets, même. C’est à la fois passionnant et infini. Du coup, par différents moyens, j’essaye de me rapprocher au plus près de l’âme de mon modèle, de ce qui l’anime, mais la part d’inconnu, d’inexploré, reste colossale d’où ce flottement. Cette quête de l’autre est évidemment aussi une quête du moi. La photographie m’a énormément fait avancer dans la vie. D’une manière générale, je me connais mieux, et saisis beaucoup plus précisément ce qui m’apporte du bonheur dans mon existence.
ÉTAPES : Quelles sont vos références en la matière, vos inspirations ?
Ludovic Florent : Beaucoup de photographes m’inspirent, à la fois, bien sûr, des grands noms de la photographie, mais aussi des milliers d’anonymes dont on découvre le travail sur le Net. Mais, avant tout, je dirais que le plus gros de l’inspiration se trouve dans le partage que j’ai avec la personne devant mon objectif. J’essaye que mon modèle s’y reconnaisse, ce qui est aux antipodes de la “photographie de mode” actuelle, où l’on défigure le mannequin pour en faire une poupée de cire à la perfection clinique sans âme.
ÉTAPES : Quels sont les autres milieux naturels que vous aimeriez “défier” en photographie ?
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Ludovic Florent : J’aimerais beaucoup travailler avec le feu. J’ai plein d’idées, mais, bien sûr, cela reste au stade de la réflexion.
ÉTAPES : Sur quoi travaillez-vous actuellement ?
Ludovic Florent : J’ai plusieurs projets en tête, mais, pour l’instant, c’est secret ! Étant hélas largement plagié, j’aimerais garder quand même la primeur de mes nouveaux concepts. Par ailleurs, je suis en train d’ouvrir un studio de portraitiste à destination du grand public. Je trouve qu’à cette époque du selfie vite fait mal fait et surtout sans valeur ni sens, il est primordial de prendre le temps de faire un beau portrait de qualité qui restera une marque forte.
Pour découvrir les travaux de Ludovic, par ici : www.ludovicflorent.com