Pokemon Go, ou l’irruption de la réalité augmentée dans nos quotidiens

Je souhaite aujourd’hui revenir sur le phénomène mon­di­al Poke­mon Go, ce jeu extrême­ment pop­u­laire qui a explosé de nom­breux records depuis son lance­ment offi­ciel au début de l’été, et duquel je suis moi‑même joueur. Avant de dis­cuter davan­tage de l’impact de Poke­mon Go sur le futur de la réal­ité aug­men­tée, com­mençons par quelques chiffres éloquents. Poke­mon Go fut plus téléchargé lors de sa pre­mière semaine que n’importe quelle appli­ca­tion dans l’histoire de l’Apple Store (source : Apple). Au 11 Juil­let, 10,8% de l’ensemble des util­isa­teurs améri­cains de télé­phones Android avaient instal­lé l’app, tan­dis qu’ils étaient entre 15 et 16% en Aus­tralie et Nouvelle‑Zélande, avec env­i­ron 50% des util­isa­teurs se ser­vant de l’application au quo­ti­di­en. A la même date en Europe, les chiffres d’installation oscil­laient entre 4 et 7% (Source : Forbes).

Il n’aura fal­lu que 19 jours pour que Poke­mon Go dépasse le cap sym­bol­ique des 50 mil­lions de télécharge­ments, avant de pass­er la barre des 100 mil­lions de télécharge­ments au 1er Aout. Aujourd’hui, l’application compte env­i­ron 20 mil­lions d’Utilisateurs Quo­ti­di­ens Uniques (Dai­ly Unique Users en anglais), pour un revenu de 10 mil­lions de dol­lars par jour (Source : App Annie). Il est égale­ment intéres­sant de not­er que 71% des joueurs ont entre 18 et 50 ans, et ne sont donc plus des enfants, con­traire­ment aux a pri­ori habituelle­ment véhiculés lorsque l’on par­le de jeu (Source : Forbes).

Poke­mon Go, un phénomène au suc­cès savam­ment orchestré

Phénomène au suc­cès plané­taire s’appuyant sur le phénomène ancien Poke­mon, Poke­mon Go est la pre­mière illus­tra­tion con­crète de l’irruption de la réal­ité aug­men­tée dans nos quotidiens.

Le suc­cès de l’application repose sur l’ajout d’un élément ludique au quo­ti­di­en, en par­tant du pos­tu­lat que tout le monde aime jouer. L’enjeu n’est pas ici de pro­mou­voir un ser­vice lié à un pro­duit, mais de créer un ser­vice en tant que tel, lié à la mobil­ité, imbriqué dans le par­cours quo­ti­di­en, pour en faire un jeu.

Poke­mon Go tire avan­tage d’un phénomène avéré, le fait que l’on ait ten­dance à marcher les yeux rivés à son télé­phone, d’une pra­tique courante, le fait de se déplac­er à pieds dans la ville, et des pos­si­bil­ités du géo­caching, en util­isant l’espace urbain exis­tant pour y cacher (et y trou­ver) des objets. Ces 3 éléments créent une expéri­ence immer­sive unique, tout en étant généra­trice de revenus.

Il n’y a pas d’utilité réelle à Poke­mon Go, sa réus­site repose entière­ment sur la créa­tion d’émotions, via cette expéri­ence unique : on a envie de partager cette appari­tion de Rouk­ouk­ou dans son salon, ou encore de rem­porter ce Poke­mon rare et recherché.
Le futur de la réal­ité aug­men­tée, et son util­i­sa­tion par les marques

Cette expéri­ence unifiée réussie mêle dig­i­tal et physique à une échelle encore jamais vue. Ce n’est pour­tant pas la pre­mière fois que la réal­ité aug­men­tée est util­isée par des mar­ques : des agences immo­bil­ières s’en sont déjà servies avec suc­cès pour don­ner des infos sur des loge­ments lorsque l’on se balade en ville, ou bien des musées l’ont util­isée pour offrir des infor­ma­tions com­plé­men­taires inter­ac­tives sur cer­taines toiles.
Néan­moins, ces util­i­sa­tions répondaient à des besoins courts, cor­re­spon­dant à un usage pré­cis, et ne s’insérant pas dans le quo­ti­di­en de cha­cun. A l’inverse, Poke­mon Go répond à l’envie pri­maire et quo­ti­di­enne de jouer, qui n’est pas lié à un besoin pré­cis, donc dis­pose d’une cible for­cé­ment beau­coup plus grande que celle d’une marque.
Bien que l’intérêt pour le jeu soit voué à dimin­uer avec le temps, il aura per­mis de chang­er la per­cep­tion du jeu en réal­ité aug­men­tée par les mar­ques : autre­fois perçu comme peu intéres­sant car réservé aux enfants, on réalise main­tenant qu’il s’agit d’un out­il majeur pour créer une expéri­ence « phy­gi­tale », créer du lien, des rela­tions, mais aus­si génér­er des revenus.

De votre côté, avez-vous testé Poke­mon Go ? Que pensez-vous de l’irruption de la réal­ité aug­men­tée dans nos quo­ti­di­ens ? N’hésitez pas à don­ner votre avis au sein des commentaires !