De l’expérience client à l’incitation au voyage
Pour cette édition 2016 du Symposium Adobe, Fabienne Billat revient sur la place centrale qui a été donnée à l’expérience client. Si cet expérience s’appuie désormais sur les technologie, il ne faut pas oublier que les consommateurs sont des être humains qui sont encore et toujours sensibles au storytelling et à la création d’une histoire commune.
Chaque année, l’édition du Symposium apporte la résolution d’un des aspects du marketing, et après les tendances sur le contenu et le cloud, c’est l’expérience client qui a été explorée par les différents experts intervenants du Symposium. Avec cette année une tonalité qui pourrait être résumée dans une phrase prononcée par Cyrille Chaudoit lors de son intervention d’ouverture : « l’expérience client ne se décrète pas, elle se vit ».
Le marketing digital a passé sa phase d’adolescence et aborde semble-t-il une phase de maturité liant les offres technologiques qui ne cessent de se multiplier, à la maîtrise des comportements des consommateurs.
Si l’audience B2B était assurée par un marketing de masse, aujourd’hui la réponse aux enjeux des grandes marques et des entreprises dont les volumes d’affaires sont conséquents repose sur l’installation de technos efficientes, devenues incontournables. De fait, les marques élaborent de précieux processus qui permettent de récolter des quantités désormais de données générées par leur présence sur le web.
Aujourd’hui le marketing rencontre de superbes opportunités de développement, notamment pour la personnalisation. Mais ces compétences en cours d’acquisition, se doivent d’être de plus en plus affinées, dominant la complexité des parcours cross canal, tout terrain, mobiles et fluides. Mais attention, la technologie, si elle est mal maîtrisée, peut parfois mettre trop d’écart entre l’expérience du consommateur et la perception estimée par la marque.
Et dans ce contexte, Cyrille Chaudoit pose une question essentielle : « Et si la standardisation et le marketing de masse avaient tout “saboté ?”. Un contexte donc où les DMP, le tracking, la collecte des data restent des enjeux, mais après cette ère de l’outil, où transparaît le besoin du retour aux sources de l’émotion, à un langage plus proche de l’individu.
C’est pourquoi est le design est un point de jonction entre le produit, et sa désidérabilité auprès des consommateurs. “Avoir une forte culture de design et créativité, cela paie dans la digitalisation”, soulignait Luc Dammann DG Adobe France.
Ce n’est pas suffisant : la finalité est de retrouver l’essence du relationnel, du désir, de la sensation, pour impacter et toucher. Les écueils ne manquent pas et la complexité de chaque entreprise et chacun de ses produits ont été exposés à ce Symposium, permettant, sans pouvoir apporter de solution à chaque problématique, d’analyser les stratégies avancées par les marques.
Dans le monde de l’assurance expliquait par exemple Marie-Laure Cassé de Groupama : « Le parcours client est extrêmement fragmenté et casse la chaîne d’expérience. Il faut instaurer de la fluidité ». Rodolphe Pachot ‑Allianz en atteste : « les critères locaux ne sont pas forcément représentatifs. Il faut réconcilier le marketing local et le marketing national. L’analyse de la data permet d’élaborer des actions périmétrées ».
Le point de vente doit aussi être l’extension de la stratégie cross canal. Or, plus l’environnement sera connecté et en interactions, plus les silos et les segmentations s’effaceront. Autre avantage : Lorsque l’exposition de la marque privilégie le cross canal, plus l’engagement client est important (SoftComputing).
Le point majeur reste bien la connaissance du client. Cette amélioration des stratégies de marketing passeront inévitablement par la perception du client : hyper-connecté, il a devant lui quantité de possibilités et remporte le pouvoir de décision. Il attend un parcours affranchi d’obstacles et d’aspérités, dans sa mobilité numérique, dans le choix de ses périphériques ou encore dans le lieu et le temps..
Celui-ci peut être identifié massivement par les datas mais individuellement, l’approche se faisant par des contacts one to one, personnalisés. Cyril Chaudoit insiste sur le besoin de remettre du sens dans cette expérience consommateur.
C’est un sujet sous tension : les attentes des clients envers la marque doublent tous les dix-huit mois. Le consommateur a une attente forte auprès de la marque qu’il apprécie. Un des challenges réside ici : 166% ! C’est le taux de sur-performance de l’entreprise ayant une expérience client appropriée.
En commençant par s’identifier et reconnaître sa culture, elle souscrit à un positionnement, avec une ligne claire. Quelle est l’histoire de votre marque ? « Imaginez le film, l’histoire, pour impliquer vos clients », expliquait Thomas Barta, experte digital intervenu sur le Symposium.
Quelle est alors la « secret sauce » de chaque marque ? La définition de celle-ci détermine son auditoire client qui à son tour se positionne. La marque raconte pourquoi elle est là, quelle est sa genèse. « Son expérience et son histoire apporte ici des éléments d’émotion, et initie les échanges alors avec le consommateur », soulignait Cyril Chaudoit.
Cette édition 2016 Vdu Symposium Adobe a permis de déduire quelques enseignements. Tout d’abord, le marketing doit désormais allier la finesse et la puissance de la technologie à l’affectivité du consommateur, très sollicité. Les sensations humaines sont cultivées entre autres, par le rire, l’émotion, les vibrations.
Enfin, avec l’histoire, l’identité de la marque positionnée et l’engagement des collaborateurs, la stratégie adéquate est en mesure de se dérouler. En retrouvant leur sens, en y intégrant les collaborateurs, la marque peut alors renouer avec ses engagements clients, le toucher et l’impliquer dans une histoire commune.
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Fabienne Billat
Communicante par nature, Fabienne Billat a une compétence acquise en communication digitale. Elle a développé une réflexion sur l’intégration du numérique à toutes les strates, et intervient auprès des grands groupes. Responsable Femmes du Numérique (Syntec) Lyon