L’art de mesurer sa démesure

Créer, c’est bien sûr interpréter le réel, le décoder de manière subjective. Tous les arts se plient à cette règle, d’une façon ou d’une autre. Pour certains, cette interprétation pourra – devra ? – dépasser le sens des caractéristiques essentielles du sujet. Dans l’art de la caricature, accentuation ou atténuation doit paradoxalement se faire de façon mesurée, sous peine de le dénaturer et de compromettre sa ressemblance ou sa justesse. Ainsi, contrairement à l’idée qu’on s’en fait généralement, si la caricature est l’art de l’exagération, c’est surtout celui de savoir la contrôler. Paradoxalement, presque une sagesse : l’art de mesurer sa démesure.


https://blogsimages.adobe.com/creative/files/2016/12/CDU-1.png

Pour cette édition qui traitera de cette thématique qui nous concerne tous, c’est avec un immense plaisir que nous accueillons Jean Mulatier. Pour ceux qui auraient la malchance de ne pas le connaître, Jean, comme il se définit lui-même, est l’inventeur de la « sculpture à plat » que l’on retrouve au travers de ses caricatures des plus grands de ce monde. Les plus « anciens » se souviendront, avec nostalgie, des sublimes et hilarantes couvertures de Pilote dans les années 70.” introduit Olivier Saint Léger avec émotion.

https://blog.adobe.com/media_ace1b1cd78b7d4f5b776ddf32175b0b584c68761.gif

Avec tendresse, Jean commence son intervention avec un hommage à Gotlib qu’il a côtoyé dès le début de son parcours professionnel. Inspiré et fasciné par les plus grands, en 1966, Jean entre à l’école Penninghen puis au Arts Déco de Paris pour y “apprendre à dessiner”. Malheureusement, l’illustration n’est pas au programme et Jean se retrouve à étudier l’architecture d’intérieur pendant 5 ans. Dès 1969, sa passion, ses influences et bien sûr son talent rassurent Goscinny qui l’engage en tant qu’illustrateur au magazine Pilote.

« L’art de dessiner commence par se retenir de dessiner soit observer et analyser votre sujet »

https://blog.adobe.com/media_7e26309428e71e3406d3817d99424f780f9e4962.gif

Avant de passer en revue ses oeuvres, Jean souhaite nous confier ses influences qui l’ont inspiré tout au long de sa vie.

A ses yeux, le plus grand de tous est André Franquin.

“Pour Franquin, pas besoin d’animation, chaque dessin prend vie. Le mouvement est inné dans son trait.”

https://blog.adobe.com/media_1c9fb44c17e1722e57c83791100d9a86d94be996.gifhttps://blog.adobe.com/media_0d56898fe7bb0c0733e8c704481bfcf000e79093.gif

La caractéristique du travail de Franquin est, selon Jean, le travail du contraste, du clair/obscure. Franquin est doué pour créer des personnages reconnaissables uniquement via leur silhouette. Franquin dessine au ressenti. Il accentue les traits de caractères principaux d’un personnage pour le rendre vivant. Cette vision est très subjective mais les contours chez Franquin n’existent pas.

https://blog.adobe.com/media_e23f2a87cf42d09f56daf1fa6a619449dfa636a3.gif

Franquin est l’un des premiers illustrateur à avoir stylisé les onomatopées. Il a illustré les paroles et retranscrit le volume sonore dans les bandes dessinées. Il caractérise le mouvement via des grossissement phonétiques et des idéogrammes. Un coup de génie !

“La BD est un vecteur formidable de communication”

https://blog.adobe.com/media_a2c9db7b37ac4eb15992348cb909660f21dc3814.gif

La soirée se poursuit sur des anecdotes et les oeuvres de Mort Drucker, Mordillo, Cabu, Moebius

Moebius : « Un dessin c’est ce qui reste de l’idée de départ »

Arrive le moment tant attendu, Jean passe en revue ses caricatures et nous explique son approche, ses habitudes de travail et sa fâcheuse petite manie de procrastiner.

https://blog.adobe.com/media_0b971ef728396d919bef88a0aba748eb908b83a4.gif

Après les inspirations, place aux #GrandesGueules ! C’est parti pour une belle série ! @JeanMulatier #CreativeDrinkUp pic.twitter.com/pizjwjhQbM

— Adobe France (@AdobeFrance) 6 décembre 2016

https://blog.adobe.com/media_83ce786f4d824bb2b4d8e2b7e2fc0d4f67661df3.gif

https://blog.adobe.com/media_2b521489f41d3f7115496fdc140ebbeb26f347c2.gif

Pour le grand public, la caricature a une connotation péjorative et même d’humiliation : la caricature se doit de forcer les défauts physiques d’une personne. La caricature peut être considéré comme la carte de visite naturelle de l’homme. Une zone sensible pour les gens qui peut blesser. Toutefois, Jean ne perçoit pas son métier ainsi. La caricature peut également être une exagération de la beauté.

«J’aimerais bien faire rimer humour et amour, mais quand on est caricaturiste c’est mal barré». @JeanMulatier #creativedrinkup

— Olivier Saint-Léger (@saintleger) 6 décembre 2016

Jean nous partage quelques règles fondamentales de la caricature :

LA PHOTO UN PARTI-PRIS D’ACCENTUATION

https://blog.adobe.com/media_bcd1073f91e87506ffba9243594bc099674e1a2b.gif

Passionné par la photo, Jean conclut cette soirée avec sa seconde passion : la photographie. Son réflexe est d’exagérer la beauté via un focus sur les couleurs de la nature.

“Tous les chemins mènent à Rome, tous les arts mènent à l’art de vivre”

Merci à Aline Rollin pour les sketch live et le résumé.

https://blog.adobe.com/media_6fb351e2d8e52e625aded42de921173bef1c14c9.gif