Qu’est-ce qu’un bon designer ?

Dans ce billet, Radu Fotolescu, designer UX et consultant londonien revient sur son expérience et questionne les caractéristiques du parfait designer !

Qu’est-ce qu’un bon designer ? Pour répondre à cette question, j’ai d’abord dû me demander ce qui m’avait conduit à devenir designer.

C’était juste après avoir décidé de devenir chef d’entreprise et travaillé pendant plusieurs années dans le secteur bancaire. Je voulais créer, lancer et diriger ma propre entreprise. J’étais émerveillé par les innombrables possibilités offertes par les services en ligne. Les nouvelles opportunités et niches créées par le développement des services en ligne m’ont fait prendre conscience du potentiel du design de qualité.

J’étais curieux et avide de connaissances. Je pense donc qu’avant de se lancer dans le design — ou de se réorienter vers le design — il est indispensable d’avoir une curiosité sans borne pour les besoins des autres. Il faut se demander comment les choses fonctionnent et comment elles pourraient être améliorées pour soi-même et les autres…

Un designer doit avoir une curiosité sans borne pour les besoins des autres, et se demander comment les choses fonctionnent et comment elles pourraient être améliorées.

Je me souviens comment tout a commencé pour moi. J’avais une idée de site web et j’ai demandé à un ami qui possédait un studio de design web de m’aider à le créer. Il a externalisé cette tâche, mais en recevant le fichier Photoshop du design final, j’ai réalisé que plusieurs décisions — en grande partie subjectives — n’étaient pas en phase avec la finalité du projet.

J’ai alors compris à quel point il est important pour le client — moi en l’occurrence — que la finalité de son projet soit prise en compte. J’ai compris que c’était ce que je voulais faire : concevoir des produits répondant aux besoins des autres.

Au début, il était beaucoup plus réaliste d’essayer de répondre aux besoins des clients que de chercher à dépasser leurs attentes, car je n’avais jamais fait d’études en rapport avec le design. Je voulais juste être un designer concentré sur l’objectif et, à partir de ce moment-là, j’ai passé tout mon temps à acquérir les principes de base du design, la théorie du design, l’expérience utilisateur, etc. Il fallait que j’apprenne tout ce qu’il y a à savoir sur la conception d’un produit ou d’un service.

Si je vous raconte cela, c’est parce que je me considérais alors comme un autodidacte, mais je réalise maintenant que toutes mes connaissances reposaient sur les expériences d’autres personnes. Le fait que j’aie choisi de me former au design à mon propre rythme ne fait pas de moi un designer autodidacte, mais plutôt un designer « autoguidé ». Les personnes qui ont rédigé les articles que j’ai lus et enregistré les tutoriels que j’ai suivis étaient mes professeurs.

Mon développement professionnel était uniquement motivé par ma curiosité d’apprendre des autres, d’avoir leurs connaissances, de gagner du temps en tirant parti de leurs expériences.

La curiosité existe en chacun de nous. Cultivez-la pour résoudre les problèmes.

Le design, quelle que soit sa forme ou sa discipline, vise à résoudre des problèmes. C’est pourquoi, en tant que designers, nous devons trouver des solutions efficaces pour relever tous les défis. Nous devons pour cela choisir nos sources d’inspiration avec discernement.

Lorsque j’étais jeune designer, je suivais souvent les conseils que l’on me prodiguait et je me basais sur l’expérience et les recherches des autres pour faire des choix. J’étais bien conscient qu’il ne s’agissait pas de la bonne approche, mais j’insistais. Pourquoi ?

Probablement parce qu’apprendre de ses pairs était — et est toujours — le moyen le plus simple de trouver l’inspiration et des réponses. Quand on fait appel à des galeries de design et des guides de style en guise de réponses définitives aux bonnes pratiques de l’expérience utilisateur, on va certes beaucoup plus vite qu’en se livrant à des essais et des recherches.

Toutefois, comme de plus en plus de designers agissent de la sorte, le marché s’est enfermé dans sa propre bulle, ignorant le monde réel et son besoin permanent de meilleures expériences utilisateur.

Si on adopte bêtement des langages visuels tiers pour nos projets en cessant de chercher des réponses en dehors de notre zone de confort, on risque de ne pas trouver la solution la plus efficace à certaines problématiques de design.

Le plus difficile, c’est de chercher des solutions en dehors du secteur du design. La compréhension des concepts utilisés en psychologie, en ingénierie, voire en science, exige d’abord et avant tout de la curiosité, puis la motivation de continuer à apprendre. Il s’agit d’un effort constant qu’on doit tous faire pour élargir notre champ de connaissances.

Cela signifie-t-il pour autant qu’on doit à tout prix devenir des généralistes ? Pas nécessairement mais, comme on dit, à vaincre sans péril, on triomphe sans gloire. Quand on ne cesse jamais d’apprendre et d’approfondir ses connaissances, les solutions s’imposent plus rapidement qu’avec une recherche dans Google.

Cette expérience de développement personnel m’a finalement permis de découvrir les qualités d’un bon designer : la curiosité et la volonté de dépasser ses limites.

Comme moteur de l’apprentissage continu, la curiosité nous pousse à nous adapter aux changements et nous aide à agir pour sortir de notre zone de confort.

En tant que designers, nous devons améliorer ce qui existe, rompre avec les schémas actuels et trouver de nouveaux moyens de résoudre les problèmes. Sinon, au lieu d’ouvrir la voie à de nouvelles expériences, le design sera dépassé par l’évolution permanente des besoins des individus.