[Tendance visuelle] La vie en images : un photographe de presse remporte le prix Pulitzer pour ses récits poignants

Yannis Behrakis consacre sa vie à raconter des histoires en images. En tant que photographe de presse pour Reuters depuis presque trente ans, il a tout couvert : des catastrophes naturelles aux zones de guerre. L’année dernière, il a reçu le prix Pulitzer pour ses images bouleversantes de réfugiés syriens.

Yannis nous a raconté comment, sur les côtes grecques, il accueillait les réfugiés qui avaient survécu à un périlleux voyage en mer et les photographiait. « Lorsque ces gens arrivent dans leur barque ou sur leur radeau, la première chose qu’ils font est de se débarrasser de leur gilet de survie trempé. Ensuite, très souvent, ils viennent me serrer dans leurs bras car ils se sentent en sécurité et, en mettant le pied sur le sol européen, ils font le premier pas vers une vie meilleure », explique Yannis. « Il y a beaucoup d’émotion, et donc rien à faire pour obtenir une photo formidable. Il suffit de capter ces émotions et de montrer au monde l’histoire de ces personnes. »


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Yannis est là pour raconter ces histoires de lutte, de souffrance et d’espoir incommensurables qui risqueraient sinon de passer inaperçues. « Je sais combien il est important d’être présent, de servir de porte-parole à ces gens, de raconter leur histoire. Nombre d’entre eux viennent me voir et me remercient d’être là, de dire au monde ce qu’ils ont vécu. »

Préparatifs

Sur place, il s’agit avant tout de saisir l’histoire et, pour y parvenir, il y a un gros travail de préparation. Yannis commence par faire des recherches sur la géographie, le climat, la culture et la langue d’une région, ainsi que les événements qui s’y déroulent.

Il tient prête toute une collection de valises, sacs à dos, équipements photographiques, vêtements et matériel pour les climats chauds et froids, un écran solaire, ainsi qu’un gilet pare-balles et une trousse de secours pour le moment où il sera appelé sur le lieu d’une catastrophe. Il lui est même arrivé de devoir s’arrêter à la clinique d’un aéroport durant une escale pour récupérer dans l’urgence un lot de vaccins. Il faut arriver sur place rapidement, avec le maximum de sécurité. Il explique, plaisantant à moitié : « Il y a beaucoup de choses qui vont essayer de vous tuer là-bas. »


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L’instant, l’angle et la lumière adéquats

Lorsqu’on prend des photos de presse, on est confronté à des difficultés différentes de celles rencontrées en studio ou lors de prises de vue planifiées. On n’a pas le temps de préparer la scène ou de s’assurer que l’éclairage est parfait. Yannis a donc développé une stratégie pour utiliser ce qui l’entoure. « J’ai toujours en tête la photo que je veux prendre. Par exemple, si je vois quelqu’un qui marche, j’essaie de trouver le bon angle. Parfois, je pars à pied ou en voiture, et j’attends le bon moment ou le bon emplacement. J’utilise alors un objectif de longue focale, qui est le mieux adapté et donne plus de puissance et de dynamisme à la photo. Dans d’autres cas, je m’approche pour mieux capter l’émotion. »


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L’éclairage est l’un des aspects les plus difficiles à gérer sur le terrain. « J’essaie toujours de trouver le meilleur angle avec la lumière de mon côté. De manière évidente, je ne peux pas demander à quelqu’un de s’arrêter, de se retourner, de regarder de tel ou tel côté … C’est contraire à l’éthique. Mais si j’ai la lumière qu’il faut au mauvais endroit, je peux faire preuve de créativité, en réalisant la prise de vue à contre-jour : la silhouette est plus spectaculaire. S’il pleut, il est préférable d’utiliser un objectif à longue focale pour la prise de vue de la pluie, qui contribue à la réalité de la scène. Vous montrez que ces personnes sont confrontées aux intempéries. »

Le plus dur est peut-être de savoir quand appuyer sur l’obturateur. Yannis a développé un véritable instinct au fil des années passées sur le terrain, et grâce à sa recherche permanente de l’instant parfait.


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Des photos qui changent le monde

Il peut s’avérer dangereux et difficilement supportable de prendre en photo des gens en situation de crise ; mais d’un autre côté, la manière dont les gens réagissent aux histoires que racontent les photos de Yannis suscite un immense espoir. « Pour moi, l’aspect le plus important de mon travail est certainement le moment où je prends conscience de l’impact de mes photos, ou de celles de mes collègues, qui peuvent créer une empathie et inciter les gens à agir, en faisant un don à une ONG, en envoyant des vêtements, ou en faisant pression sur le gouvernement pour qu’il intervienne, pas seulement dans le cadre de la crise des réfugiés, mais dans beaucoup d’autres situations comme les tremblements de terre ou les grandes catastrophes naturelles. Il faut montrer ces photos pour que les grandes organisations et les gouvernements fassent quelque chose. »

Pour résumer les raisons qui le poussent à travailler d’arrache-pied pour faire le récit de tant de souffrances, luttes et résilience, il explique simplement : « Je suis un romantique. Je crois que les photos peuvent montrer ce qui se passe réellement. Elles peuvent changer le monde et le rendre meilleur. »


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