« Notre objectif ? Conserver une cohérence globale entre toutes les applications. »
Billet rédigé par notre reporter Olivier Saint-Léger.
Il y a deux semaines, sur le Web Summit de Lisbonne j’ai eu la chance de rencontrer Jamie Myrold, Vice President of Adobe Design. Son rôle chez Adobe prend une place de plus en plus importante : depuis 10 ans maintenant, Jamie Myrold pilote l’ensemble des interfaces et s’assure de la cohérence de l’expérience utilisateur sur la gamme des logiciels, qu’ils soient rattachés au Marketing Cloud, au Creative Cloud ou à Document Cloud. Mission complexe s’il en est. Au cours de nos échanges, j’ai pu notamment comprendre comment ses équipes se positionnent très tôt dans le prototypage, la recherche et la conception de nouvelles interfaces, mais aussi découvrir le rôle de Spectrum, la plateforme de gestion globale du design chez Adobe. Questions.
Olivier Saint-Léger : Lors de votre intervention sur le Web Summit vous avez évoqué Spectrum, un backoffice de gestion dédié au design chez Adobe. De quoi s’agit-il ?
Jamie Myrold : Au cours de l’histoire d’Adobe nous avons expérimenté plusieurs systèmes qui devaient nous assurer de conserver une cohérence globale entre les applications, ce qui est un énorme objectif pour l‘équipe design. Il y a trois ans, nous avons décidé de totalement reconstruire un nouveau système de gestion du design qui s’appelle Spectrum. Ce nom n’a pas été choisi par hasard puisqu’il fait référence à l’ensemble des couleurs des icônes des applications Adobe.
Avec Spectrum, notre objectif est de garantir la cohérence entre les applications, bien sûr, mais également de s’assurer que les designers ne refont pas un travail qui existe déjà, que ce soit une icône, un bouton ou encore une boîte de dialogue, entre autres. Et je peux vous dire que la tâche n’est pas simple. Pour vous donner un exemple, il y a plus de 1400 curseurs rien que dans Photoshop et un seul bouton peut avoir plus de 1000 représentations, ce qui donne une bonne idée du volume des éléments à gérer sur l’ensemble des applications Adobe !
Au tout départ, Spectrum était simplement un ensemble de modèles graphiques réutilisables dans les applications par les designers mais très rapidement le système a été adopté par les développeurs. Lorsqu’une partie de nos interfaces a basculé en HTML nous avons commencé à intégrer du code dans Spectrum. Clairement, cette plateforme permet aux équipes de rester focus sur la résolution de problèmes sans perdre du temps à retrouver des assets UI ou à les recréer.
La galaxie des applications Adobe grandit chaque année. Maintenir toutes ces applications est une tâche complexe. Quels sont vos grands challenges ?
Encore une fois, le grand challenge de notre équipe est de maintenir une cohérence entre toutes les applications, afin de conserver une expérience utilisateur la plus unifiée possible. Maintenant, ce n’est pas toujours simple lorsque l’on gère des applications qui ont leur propre histoire – parfois longue de plusieurs dizaines d’années, avec des frameworks UI ou des développements anciens. Bien sûr, cela signifie aussi que nous devons gérer une évolution de ces applications avec des communautés d’utilisateurs qui ont des habitudes très ancrées. En revanche, Spectrum est désormais un passage obligé pour toutes les nouvelles applications comme Dimension ou XD, et toutes celles qui arrivent. La mise en oeuvre d’un système d’interface adaptatif et scalable sur l’ensemble des applications, via Spectrum, est un des objectifs que notre équipe s’est fixé.
Sur ce Web Summit, l’IA était absolument partout. Selon vous, comment cette technologie aura un impact sur le travail créatif, et surtout sur vos propres recherches ?
On l’a bien vu lors des démonstrations qui ont eu lieu à Adobe MAX cette année : Adobe Sensei, notre framework d’intelligence artificielle, est désormais une fondation importante des fonctionnalités que nous proposons. Néanmoins, de notre point de vue, il ne s‘agit pas de créer un Big Brother de la création mais plutôt d’aider nos utilisateurs en supprimant les pertes de temps inutiles, comme la répétition de taches ou la recherche trop souvent fastidieuse d’images ou de polices de caractères.
En ce qui concerne notre équipe, le machine learning et l’intelligence artificielle sont désormais pris en compte dès le départ lorsque nous travaillons sur le design d’une nouvelle fonctionnalité. Là encore, Spectrum va jouer un rôle important dans l’arrivée de ces technologies, dans un premier temps en apportant aux équipes des recommandations d’usage, des conseils ou des formations. Nous avons également intégré dans notre équipe Patrick Hebron, l’auteur de Machine Learning for Designers, afin de mieux comprendre l’impact de ces technologies sur les métiers créatifs.
Pour en savoir plus sur les activités des équipes de Jamie Myrold, vous pouvez consulter la vidéo de son intervention au Web Summit 2017 ici.