NRF 2018, Jour 2 : Quand la culture d’entreprise devient moteur de la performance business
Post rédigé par notre reporter Grégory Pouy.
La deuxième journée de la NRF a débuté sous le signe de la culture d’entreprise puis a très rapidement pris une tournure beaucoup plus technologique.
Petit tour d’horizon des moments marquants de cette journée. Prêt, feu, partez !
« La transformation implique que vous n’avez jamais fini », Beth Comstock, Vice Chair, General Electric
Beth Comstock a une longue carrière derrière elle et nous donne une leçon sur la manière dont une structure aussi imposante que Général Electric a embrassé une culture dans laquelle le changement est la nouvelle normalité : « Change is the new normal ».
Finalement, selon elle, la vraie évolution est que c’est la digitalisation qui nous donne la manière d’envisager les choses.
Pour aller dans ce sens, elle donne plusieurs conseils :
1. Faire de ce motto* une histoire personnelle
Il faut que vous vous appropriiez et intégriez vraiment le changement dans la manière dont vous travaillez.
2. Diriger/Piloter l’entreprise par sa mission
Et non pas par la hiérarchie uniquement.
3. Être ouvert
Comme Beth Comstock le rappelle, même s’il est difficile de faire des partenariats, les challenges à relever sont trop nombreux pour avoir en son sein toujours les bonnes personnes disponibles et le bon état d’esprit pour bouger suffisamment vite._ _Beth Comstock de souligner : « Vous pensez être suffisamment bons, mais vous faites erreur ». L’ouverture à la technologie, à la nouveauté mais aussi aux partenariats semble être une recette gagnante.
4. Mettre en place une approche de lab
On l’entend souvent et partout mais il faut apprendre à tester très rapidement, quitte à ouvrir ces expérimentations aux clients. Cette approche est ensuite une opportunité pour valoriser le fait que tel ou tel produit a été développé avec la communauté de votre marque.
5. Avoir une consistance dans vos messages
S’il y a une immense opportunité à avoir un acquis, un passé, des racines, il est indispensable dans le même temps d’innover et d’évoluer. Ce n’est d’ailleurs pas à vous de dire que vous êtes innovants, les consommateurs doivent l’expérimenter par eux‑mêmes. Beth Comstock souligne d’ailleurs que de manière assez intéressante, innover est la meilleure manière de s’assurer que vos clients vous suivent.
Bien sûr on trouve toujours de bonnes raisons pour ne pas innover, que ce soit des personnes qui ne veulent changer en aucun cas ou celles qui veulent voir les résultats avant d’avoir testé.
Elle conclut de manière assez logique qu’aujourd’hui la clef du Retail est la donnée. La data reste d’ailleurs la clef de voute de l’intégralité des prises de parole à la NRF.
« Nous ne devons pas devenir des tortues plus rapides mais des lièvres », Spencer Fung
Spencer Fung est le fondateur de Li & Fung et il nous expose l’importance centrale de la chaîne logistique quand on parle de commerce sans friction pour le consommateur.
Pour lui, les commerçants travaillent durs à être des tortues plus rapides mais face à des lièvres, ils n’ont pas d’autre choix que de devenir eux‑mêmes des lièvres. Autrement, la bataille risque d’être perdue d’avance.
C’est en tous cas son conseil et le cœur de sa présentation, car dans un monde où le consommateur est totalement digital, il constate que les commerçants sont majoritairement dans un état d’esprit analogue et en particulier lorsqu’il s’agit de chaîne logistique.
Evidemment, améliorer cette chaîne permet de produire ou d’acheter les produits que les consommateurs vont demander et de réduire les stocks ou les retours clients – et donc de faire de vraies économies pour les structures.
La digitalisation a évidemment un rôle à jouer dans cette amélioration puisque selon Spencer Fung tout sera connecté dans un écosystème unique.
Les exemples sont souvent plus parlant que la théorie, alors imaginez :
Vous êtes un fabricant et commerçant de mode.
Alors que vous regardez les tendances sur Instagram, vous vous rendez compte que Taylor Swift a mis en avant une robe rouge et que ce sujet fait énormément parler.
Vous décidez de créer un exemplaire digital pour votre site e‑commerce et un emailing automatisé auprès des personnes susceptibles d’être intéressées. De cette manière et rapidement vous saurez qui est intéressé et serez capable de faire une projection des ventes. Dès lors, en quelques heures vous décidez de produire une quantité x de robes que vous enverrez directement depuis l’usine à vos clients.
C’est cela une logistique de lièvre selon Spencer Fung.
Comment l’intelligence artificielle muscle le commerce
Une table-ronde a réuni 3 personnes de renom : Chris McCann, CEO de 1–800-Flowers, Silvia Campello, COO de Cosabella et Kris Miller, Chief Strategy Officer d’eBay.
Tout le monde a conscience que l’intelligence artificielle et donc le machine learning peuvent permettre de mieux localiser et personnaliser les produits et surtout les expériences. Mais la politique peut être différente d’une entreprise à l’autre. La preuve : quand j’achète des pinceaux sur Amazon, le site me propose simplement plus de pinceaux, voire de la peinture, et donc des produits associés. Mais avec une requête identique sur Alibaba, celui-ci me propose des cours de peinture. L’intelligence artificielle est bien prise en compte, mais elle ne remplace en aucun cas la vision et la stratégie de l’entreprise.
Le fondateur de 1–800-Flowers, un business supposé très basique puisqu’ils ne vendent que des fleurs nous rappelle comment depuis leur création ils n’ont eu de cesse d’évoluer par amour de la relation client mais aussi de l’innovation. Ainsi, en 2017, ils ont lancé : un bot avec Facebook Messenger, Gwyn avec IBM Watson, un service basé sur la voix avec Alexa et un autre avec Google Home. Ils sont bien entendu convaincus que la voix sera le prochain moyen d’accéder et de communiquer avec les machines et donc le web.
Dans la mesure où l’adoption de ces technologies par les clients est beaucoup plus rapide qu’avant, les commerçants sont, selon lui, sous pression. Mais dès lors qu’il s’agit de technologie, la COO de Cosabella, une marque de sous‑vêtements féminins, le rappelle : le tout est de trouver les bons partenaires pour réussir et d’être ouvert à la collaboration. Cette marque a totalement embrassé l’intelligence artificielle et le machine learning pour optimiser les emails en personnalisant le contenu mais aussi l’heure d’envoi en fonction des usages de chacun afin d’optimiser les retours mais aussi les boutons d’action (par exemple l’inscription à la newsletter) ou encore les visuels des produits afin de mieux vendre. En somme, tout ce qui est optimisable par la machine l’est chez Cosabella.
Sans partager de chiffres précis, il est très clair que les résultats sont au rendez-vous. C’est d’ailleurs cela qui leur permet de financer leurs investissements dans les nouvelles technologies.
Ces dernières, telle que la reconnaissance d’images, sont désormais matures. eBay l’utilise afin de proposer à l’achat des produits similaires à celui que vous avez vu sur quelqu’un dans la rue ou dans une boutique.
Il est très clair que l’intelligence artificielle, sans remplacer la stratégie, permet de véritablement optimiser chacun des points de contact avec les consommateurs. Plusieurs prestataires permettent de faire cela. Reste encore à être devenu une marque D2C (Direct-to-consumer) et d’avoir une base de données qui soit utilisable.
Demain, je vous raconterai ce que l’on a pu voir parmi les exposants. Sans qu’il y ait de révolution, on sent que chaque technologie est beaucoup plus mature aujourd’hui.