Expériences client : pourquoi la personnalisation et la cohérence deviennent urgents
Il y a quelques années, je suis parti en vacances en Méditerranée avec ma famille. Nous allions tous les soirs dans le même café, où le service était pour le moins inégal. Les prix, les produits et la qualité de service changeaient du tout au tout selon la personne qui s’occupait de nous. Un soir, une bière servie dans un petit verre coûtait 2 €. Le lendemain, elle n’était plus qu’à 1 € et on avait droit à une pinte.
On avait trouvé cela très drôle à l’époque, c’était comme de jouer à la roulette, mais aucun de nous n’aurait accepté un service aussi erratique en dehors du cadre des vacances. Si mon café préféré adoptait la même approche, je l’éviterais et j’irais dans un établissement obéissant à des normes plus strictes.
En tant que consommateurs, nous voulons vivre des expériences cohérentes et personnalisées. Elles reflètent nos attentes et contribuent à notre fidélité à une marque. En revanche, lorsqu’une entreprise propose des expériences décousues, elle ne répond pas à nos attentes et nous décourage de faire appel à ses services.
Il est donc inquiétant qu’un grand nombre de marques continuent à traiter leur clientèle de façon unifiée, en particulier sur les canaux digitaux. L’Experience Index d’Adobe, une étude qui permet aux marques de cerner les attentes des clients en Europe et leur évolution actuelle et future, révèle que les entreprises ne sont toujours pas à la hauteur, proposant des expériences qui laissent une impression négative.
Pour rectifier le tir, les entreprises doivent commencer par lever les obstacles à la cohérence dans leur propre organisation. Le déploiement d’une nouvelle interface ou application mobile ingénieuse ne suffit pas. Les services offerts doivent reposer sur une meilleure compréhension du public, c’est-à-dire sur une approche plus unifiée des données des clients dans toute l’entreprise.
Un autre point à retenir de l’Experience Index d’Adobe est que les consommateurs de la génération Z (âgés de 18 à 24 ans) sont beaucoup plus exigeants avec les marques que leurs aînés. Pour eux, des expériences pratiques, personnalisées et homogènes sont des enjeux essentiels. Au Royaume-Uni, par exemple, les personnes de la génération Y interrogées ont déclaré qu’elles seraient impressionnées si une compagnie aérienne transférait automatiquement leur réservation sur un nouveau vol en cas d’annulation de leur vol initial, tandis que les consommateurs de la génération Z trouvaient cela tout à fait normal.
Curieusement, notre désir de personnalisation augmente avec l’âge. En Allemagne, 91 % des consommateurs de plus de 66 ans pensent que les entreprises doivent fournir des services personnalisés en magasin et en ligne, contre seulement 69 % des jeunes entre 18 à 24 ans.
C’est révélateur d’une nuance essentielle que certaines entreprises négligent peut-être : notre perception de la personnalisation évolue en fonction de l’âge. Les générations ont des attentes et des besoins différents, ainsi qu’une maîtrise plus ou moins grande de la technologie. Une marque qui cherche à séduire toutes les classes d’âge avec la même approche n’a visiblement pas compris les besoins de ses clients.
Répondre aux attentes ne suffit pas. Les clients veulent être continuellement charmés. Ils recherchent des expériences qui sortent du lot par leur fluidité, leur originalité ou leur degré de personnalisation. Un supermarché qui propose un assistant vocal pour mieux s’orienter dans les rayons, un hôtel qui permet à ses clients d’accéder à leur chambre à l’aide de leur téléphone mobile, une compagnie aérienne qui envoie régulièrement à ses passagers un suivi de leurs bagages enregistrés — toutes ces petites attentions font plaisir et donnent envie de revenir.
Le sort en est jeté : les marques, quel que soit leur secteur d’activité, se doivent de déployer des expériences digitales cohérentes et personnalisées. C’est un défi de taille qu’aucune entreprise ne peut se permettre d’ignorer. Tôt ou tard, même les cafés attrape-touristes devront s’adapter. Et le jeu en vaut largement la chandelle.