L’Intelligence Artificielle (IA) va démocratiser les outils marketing
Post rédigé par notre reporter Olivier Saint‑Léger
Lors de cette édition du Summit, j’ai eu l’occasion de rencontrer Haresh Kumar, Director of Strategy and Product Marketing chez Adobe, pour évoquer la mise en place d’expériences connectées et la présence de plus en plus importante de l’IA dans les métiers du marketing. Résumé.
Olivier Saint‑Léger : Lors de ce Summit, on a montré beaucoup d’exemples qui connectent le physique et le digital. Quels en sont les challenges ?
Haresh Kumra : Lorsque l’on pense à l’expérience client, on pense bien entendu à tout ce qui est a trait au numérique, avec des périphériques très différents, mais finalement très classiques comme l’ordinateur, la tablette ou évidemment le smartphone. Les expériences délivrées aujourd’hui sont omnicanal et disruptives, et les clients ont pour leur part des parcours de plus en plus complexes. Ces expériences sont naturellement plus dynamiques et plus personnalisées. Le offline, de son côté, se numérise de plus en plus avec différentes technologies (objets connectés, réalités augmentées ou virtuelles, code-barre, etc.) qui viennent compléter l’expérience client dans le monde physique. C’est une véritable opportunité pour les marques qui peuvent s’adresser différemment à leurs clients. Aujourd’hui un grand challenge pour les marques est d’être connecté en permanence avec le client. Pour moi, il y a deux concepts clés pour que On et Off collaborent efficacement.
En premier lieu, la marque doit savoir créer beaucoup de contenus. Le contenu, et les bonnes données qui permettent sa création, sont les fondations d’une bonne expérience client. Au lieu d’essayer de répliquer les expériences qui viennent du online, il faut plutôt imaginer de nouvelles expériences et de nouveaux contenus adaptés et en provenance du monde physique. En second lieu, il est important de faire en sorte que tous les points de contact soient intégrés à un parcours client qui tienne compte de toutes leurs spécificités, et non plus de penser uniquement ou d’abord pour le smartphone.
Quelques conseils pour un bon parcours client qui intègre physique et numérique ?
Tout part du client. Il est important d’observer son univers et de comprendre la façon dont il interagit avec la marque. Il faut identifier ce qui est important pour lui. Le contexte est un autre point important : quand et comment construit-il sa relation avec la marque ? Comment utilise-t-il le online et le offline ? Enfin il faut être cohérent. Souvent, la séparation des différents canaux, qu’ils soient offline ou online, conduit à des incohérences dans les messages ou dans les actions.
Créer une expérience client est complexe. Les technologies aident beaucoup, mais qu’en est-il des ressources humaines ? Les métiers du marketing se spécialisent avec l’arrivée des technologies, et trouver les bons profils n’est pas simple. Comment les entreprises ne disposant pas de beaucoup de ressources ou de moyens financiers peuvent s’organiser ?
Une des solutions vient des technologies elles‑mêmes. Il est désormais évident que marketing va globalement vers plus d’automatisation, ce qui ne veut pas dire que l’humain n’a pas sa place, bien au contraire. Mais l’IA et le machine learning vont démocratiser les nouvelles technologies qui sont au service des marketeurs. C’est grâce à ces technologies que les marketeurs vont pouvoir accéder à des plateformes intelligentes et augmenter encore leur capacité d’action pour faire face à la complexité de leur métier. Finalement, le plus important aujourd’hui n’est pas de savoir maitriser des solutions logicielles, mais d’avoir des données de qualité. Ce sont elles – et un bon algorithme pour les manipuler – qui vont conditionner l’excellence des résultats. Par ailleurs, il est tout à fait probable que l’IA aura un impact important sur les coûts des outils marketing, démocratisant ainsi ces technologies auprès d’un grand nombre de marketeurs. Enfin, dans un monde piloté par les réseaux, de plus en plus de ces technologies vont devenir des services que les marketeurs pourront utiliser en fonction de leurs besoins.
Pour beaucoup l’IA est une boite de Pandore dans laquelle on ne sait pas ce qui se passe. Comprendre l’IA est clé pour son adoption. Comment améliorer la confiance par rapport à l’IA ?
En effet, on dit souvent que ne pas être en maîtrise de l’algorithme peut être un frein à l’adoption de l’IA. Mais le sujet n’est pas réellement l’algorithme. Ici encore, la clé est de les alimenter (NDLR: qui sont souvent public d’ailleurs) en données. Et plus l’IA est nourrie avec des données de qualité, plus les résultats sont probants. L’autre question majeure porte sur les recommandations faites par l’IA. Ici aussi, la confiance se crée si les recommandations sont bonnes et si on est en mesure de les comprendre. Globalement, l’IA apporte des résultats plus rapidement et pour moins cher, mais surtout permet d’éviter les mauvaises prises de décision. En tout cas, elle augmente statistiquement l’émergence de bonnes décisions. Le bénéfice est finalement de libérer du temps aux marketeurs afin qu’ils soient encore plus créatifs et performants.