En avant la musique ! Les conseils d’Antoine Monégier du Sorbier pour immortaliser les concerts

Ouvrez grands les yeux et les oreilles ! La Fête de la Musique approche, la saison des festivals est lancée ! Pour l’occasion, nous avons rencontré Antoine Monégier du Sorbier, professionnel de la captation d’événements musicaux. Retrouvez également sa Masterclass sur notre chaîne YouTube.

Antoine, vous avez cette triple casquette DA, motion designer et photographe / vidéaste. Comment êtes-vous devenu photographe – et plus spécialement pour les événements musicaux ?

J’ai toujours été attiré par ce qui a trait à l’image. Enfant, je passais mon temps à dessiner, puis je me suis passionné pour le cinéma et la peinture, ce qui m’a mené naturellement vers des études de graphisme. A l’époque, j’empruntais à ma mère son Olympus OM-1, mais ça restait une approche ludique et uniquement destinée à mon entourage.

J’ai continué à prendre des photos en dilettante jusqu’au jour où je suis allé au concert de The Sweet Vandals (un groupe de soul/funk espagnol) avec mon boitier muni d’un 50mm dans mon sac, totalement par hasard. Je me suis amusé à photographier les membres du groupe, et immédiatement j’ai accroché. Les jeux de lumières, les émotions sur les visages, les mouvements… Figer tout ça, c’était l’inverse de ce que je percevais d’un concert en général, et pourtant j’y retrouvais la même énergie. Comme j’allais tout le temps en concert, j’y suis ensuite retourné à chaque fois en prenant ce même boitier, parfois en le cachant, et je shootais. J’avais chopé le virus, comme on dit.

Vos photos liées à la musique, sont-elles toutes de commandes ou en prenez-vous également à titre personnel ?

Depuis quelques années, oui, il s’agit de commandes. En général, je suis mandaté par un média ou une société pour couvrir un concert ou un festival. Il m’arrive encore de faire des photos d’évènements uniquement dans une démarche personnelle, mais très rarement des concerts. Pour mes séries sur le Cirque Électrique par exemple, je les ai sollicités parce que j’avais flashé sur un happening qu’ils avaient fait au Salô fin 2016.

Quels challenges spécifiques présentent la photographie live d’événements musicaux (techniques mais pas que) ?

Niveau technique, le plus gros challenge concerne la lumière. Ça parait être un pléonasme quand on parle de photographie, mais en concert, cela implique des choix qui ont des répercussions importantes sur les clichés. Dans les petites et moyennes salles, où les éclairages peuvent y être particulièrement faibles, la balance entre ouverture, temps de pause et ISO est primordiale. Il faut s’adapter à la puissance lumineuse et à l’attitude des musiciens. C’est un mélange entre technique, sensibilité personnelle, intuition, et anticipation.

Vos photos de concerts dégagent cette ambiance très intimiste, on en oublie qu’il y a un public. Cela passe par un jeu avec les lumières et l’obscurité propres à ce type d’événements. Décrivez-nous votre style.

Mon challenge personnel, c’est de figer une émotion, évidement en utilisant le cadre pour la dramatiser, mais surtout accrocher l’instant où l’artiste se laisse aller, s’abandonne. C’est pour cela que j’ai souvent tendance à isoler mes sujets dans l’espace, à focaliser sur eux et moins ce qui les entoure.

Mais ça n’arrive pas forcément souvent, alors je me sers des lumières, des contre-jours, des contrastes, des espaces vides, et des décadrages en n’essayant pas de rendre exactement compte de l’ambiance ou de la réalité, mais plutôt en me l’appropriant, en la fantasmant. Un peu comme quand on est spectateur… On focalise sur un musicien, on ferme les yeux, on se laisse emporter. On ne garde pas nécessairement une vision très nette de l’évènement. On sort de là avec un ressenti très personnel, une émotion qui va au-delà de la réalité. C’est ce que j’essaie de rendre avec mes photos.

Parlons post-production : quelle est la place de la retouche dans vos photos ? Quelles applications utilisez-vous ?

Je ne fais que très rarement des retouches sur mes photos. Bien sûr je les retravaille, mais je ne considère pas ça comme de la retouche, je l’assimile plutôt à l’étape du développement pour de l’argentique. Je joue sur le contraste, le cadre, la luminosité, la saturation, parfois la colorimétrie. Pour cela, je n’utilise que Lightroom. Même lorsqu’il m’arrive de retoucher, les outils de ce logiciel me sont amplement suffisants. Je ne retravaille quasiment jamais mes clichés avec Photoshop. En revanche, pour tout ce qui concerne le motion design et la vidéo, je passe mon temps dessus. Ainsi que sur Illustrator, Premiere et After Effects.

Quel matériel utilisez-vous pour les photos de concert ?

J’utilise toujours deux boitiers Canon : un 1D X et un 5D Mark III avec plusieurs optiques (16-35mm f2.8, 24-70mm f2.8, 50mm f1.4 et 70-200mm f2.8) que je choisis en fonction de la configuration de salle où se déroule l’évènement.

Que pensez-vous de l’engouement, de la démocratisation de la prise de photos par le public avec les mobiles ?

Je trouve cela génial que les spectateurs puissent prendre des photos aussi facilement, et emporter un souvenir, photo ou vidéo, avec eux ! J’aurais rêvé de pouvoir faire quelques vidéos des premiers concerts auxquels j’ai assisté.

Quelle est la place de la foule, du public dans vos photos de concert ?

Jusqu’à récemment, la foule était plutôt absente de mes photos. J’étais sûrement plus fasciné par la ou les personnes qui se livrent sur scène que par le public, puisque j’avais l’habitude de m’y trouver. Mais plus j’avance et plus je considère qu’il a une place prépondérante : il participe tellement à l’ambiance d’un concert qu’il influe obligatoirement sur sa qualité. Donc j’essaie de plus en plus de lui accorder de l’importance.

Quels seraient les quelques conseils que vous donneriez aux photographes souhaitant se lancer dans le live d’événements musicaux ?

Se faire un portfolio en arpentant régulièrement les petites salles de concerts où il est plus simple de rentrer avec un boitier photo. Si possible, se rapprocher des artistes. Communiquer sur son travail sur les réseaux (Instagram, Tumblr, etc.) ou créer son propre média (webzine, blog, etc.). Démarcher, taper aux portes (même celles qui semblent inaccessibles), y aller au culot ! Tout en n’essayant de ne pas se brader. Puis, surtout, investir dans des bouchons d’oreilles de qualité !

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