[Série d’été] Océan & Lumières du Sud-Ouest avec Antoine Thibaud

Célébrons le premier jour de l’été, et partons dans le Sud-Ouest à la rencontre d’Antoine Thibaud. Cadreur-monteur et photographe passionné, il s’attache à montrer l’émotion et les merveilles de la nature dans ses clichés. Projets, matériel, inspirations… Il nous dit tout.

Tu as démarré la photographie en 2010, en intégrant l’ESRA. D’où est venue cette passion ? Aujourd’hui, quel est ton modèle économique ?

J’ai toujours été fasciné par l’image, qu’elle soit fixe ou en mouvement. Ma passion pour la photographie vient d’abord de ma passion pour le cinéma. Durant mon adolescence, j’ai été profondément marqué par les images des films de Stanley Kubrick, Terrence Malick, David Lean ou encore Akira Kurosawa. A cette époque, je n’avais pas vraiment conscience du lien étroit entre photo et cinéma. Je ne pratiquais la photographie que pour immortaliser ma famille, mes vacances et mes premiers voyages. Je me rappelle essayer d’obtenir de bonnes images, mais ce n’est qu’après avoir vu ces films et plus tard, et en découvrant le travail de grands maîtres tels que Sebastiao Salgado, Franco Fontana, Ansel Adams, Michael Kenna et Fan Ho, que tout ça est vraiment devenu sérieux.

Ma passion pour la photographie me vient aussi de ma formation. En rejoignant l’ESRA, j’ai pu étudier les images et les techniques pour les fabriquer, essayer du matériel professionnel et m’initier à la post-production.

Aujourd’hui, la photographie est toujours une passion. J’ai parfois l’occasion d’en vivre, notamment via des contrats en freelance, mais mon activité première reste celle de cadreur-monteur dans le secteur de l’audiovisuel. Heureusement, lier photo et vidéo est devenu si facile avec les appareils actuels, que je profite souvent de mes tournages pour ramener des images, notamment lorsque je pars à l’étranger. Cela étant dit, je ne désespère pas de devenir un jour photographe à plein temps et pourquoi pas d’être régulièrement publié…

Qu’aimes-tu précisément dans la photographie de paysages, dominante dans ton portfolio ?

Si j’aime autant la photographie de paysages, c’est parce qu’elle me permet de marier ma passion pour la photo et mon amour de la nature et des grands espaces. Je ne me sens jamais aussi bien que lorsque j’explore de nouveaux spots à la recherche d’images. Je suis constamment ému par ce que la nature a à nous offrir, plus encore lorsqu’il s’agit de capter cette beauté avec mon appareil. Que ce soit la rosée matinale éclairée par un soleil d’hiver, un pic montagneux prisonnier de la brume ou une vague cassant au coucher du soleil, les occasions ne manquent pas !

Mais ma passion pour la photographie de paysages ne se limite pas qu’aux images. J’aime aussi passer des heures et parfois des jours à préparer mes sessions, à explorer les sites potentiellement intéressants, à attendre pour saisir le bon moment ou la bonne lumière et à retoucher les images. Plus qu’une discipline, la photographie de paysages est pour moi une véritable expérience.

Le Sud-Ouest de la France est particulièrement capturé par ton objectif. Quel lien as-tu avec lui ? Quels sont tes spots préférés ?

De toutes les belles régions de France, le Sud-Ouest est celle que je préfère. Je suis né à Tarbes, dans les Hautes-Pyrénées, une grande partie de ma famille est installée dans le Gers et mes parents ont une maison dans les Landes, près de la côte. C’est donc tout naturellement que je me suis tourné vers les paysages de la région pour y composer mes premières images. Cela fait maintenant près de dix ans que j’y retourne régulièrement pour y produire des images et même après toutes ses années, le Sud-Ouest reste une source d’inspiration intarissable.

Concernant mes spots préférés, j’avoue avoir un faible pour les plages, car elles sont intéressantes et accessibles de Janvier à Décembre. Il y a une multitude de choses à photographier en bord de mer, et même si l’inspiration n’est pas au rendez-vous, la balade vaut toujours le détour. C’est particulièrement vrai des plages de la côte landaise, que ce soit à Contis, Mimizan, Capbreton, Seignosse ou même à Biscarosse.

Ton triptyque « Southwestern Light » (1|2|3) est une véritable ode aux chaudes lumières qui inondent les plages des côtes Ouest. Pourquoi t’ont-elles tant inspiré ?

Les couchers de soleil de fin juin à fin septembre, s’accompagnent souvent de lumières incomparables, surtout en bord de mer où le moindre phénomène météorologique peut transformer une photo banale en une magnifique image. Ces lumières sont une constante source d’inspiration de par leur qualité, les variations de leur intensité et de leurs teintes, et de par leur impact sur le paysage, et plus particulièrement sur le ciel. Un grand nombre de mes images préférées ont été prises en fin de journée. J’adore faire de la photo à ces heures tardives, car on y capture souvent des ambiances surréalistes et des moments uniques.

Parlons « Atlantic Waves » maintenant ! Tu immortalises le surf au travers de tes séries “A day of surfing” et “Summer Days” Que cherches-tu à capturer en tant que photographe exactement ?

La série photographique me permet de raconter une histoire en associant différentes images, pour donner du sens à un projet plus large. C’est un exercice que j’aime particulièrement, car il se rapproche beaucoup du montage vidéo – que je pratique quotidiennement et que je trouve passionnant. Lorsque je réalise une série, je suis très attentif à tout ce qui se passe autour de moi, à tout ce qui pourrait attirer mon œil. Je garde en tête mon idée générale, par exemple rendre compte de l’ambiance autour du Championnat du monde de surf à Hossegor dans “A Day of Surfing”, ou documenter la vie sur les côtes landaises dans “Summer Days”. J’essaye de capter des images qui caractérisent cette idée, qui aident à la contextualiser ou qui la rendent originale.

Mes centres d’intérêts sont certainement très différents de ceux d’un autre photographe, mais c’est ce qui fait le sel des séries photographiques, précisément quand les séries en question ont un thème similaire. Je trouve que le fait de pouvoir comparer sa vision des choses avec un ou plusieurs photographes est vraiment très enrichissant. Cela permet de prendre du recul sur son propre travail et de mieux comprendre ce qui stimule votre œil. Pour moi, ce sont les textures, les lignes directrices, les jeux d’ombres, le flou de mouvement, la silhouette humaine dans un environnement naturel, les effets de lumière, la profondeur et bien d’autres encore…

C’est toujours impressionnant de voir un surfeur dompter une vague. Entre les contraintes de lumière, la vitesse de l’action et l’écume, quels challenges un photographe doit-il dompter pour réussir parfaitement une photo de surf ?

La photographie sportive relève toujours du défi et le surf ne fait pas exception à la règle. Les premiers challenges auxquels je pense sont le soleil et l’eau. Même si c’est une combinaison d’éléments qui font rêver, ils se transforment vite en cauchemar pour le photographe du fait du danger qu’ils représentent pour le matériel. La vitesse de l’action est effectivement un autre obstacle important, car obtenir des photos bien nettes s’avère parfois difficile. D’autant que la distance qui sépare le surfeur du photographe est généralement importante. Il faut donc compter sur un téléobjectif à l’autofocus performant. Je pense qu’il est aussi nécessaire de connaître un peu la discipline, que ce soit en compétition officielle ou lors d’une session de freesurf, sous peine de manquer les plus belles figures et les meilleures attitudes.

Derniers points selon moi : mobilité et placement. En effet, les sportifs bougent sans cesse pour attraper des vagues, il faut donc être suffisamment mobile sur la plage pour pouvoir les suivre, tandis que la foule venue les encourager peut devenir gênante si vous êtes mal positionné. Gérer tout cela n’est pas évident, mais peut faire une grande différence au moment de réussir une photo de surf.

Quel matériel utilises-tu ? Est-ce que tu utilises des techniques particulières ?

J’ai opté pour du matériel Canon à mes débuts, car j’apprécie beaucoup l’ergonomie et les innovations de leurs boitiers. Je travaille donc en combinant l’EOS 5D mark III et le 7D mark II, que j’utilise principalement avec des longues focales. Comme objectifs, j’utilise le Canon EF 16-35, l’EF 24-105 et le Tamron 100-400. Les zooms sont très versatiles et m’offrent beaucoup de latitude pour la composition, mais je préfère la luminosité et le piqué des focales fixes. C’est pourquoi je travaille également avec un 35mm, un 50, un 85 et le Tamron 90mm macro. Le reste de mon équipement est composé des indispensables de la photographie de paysages : un trépied, des filtres et une télécommande pour le déclenchement à distance.

Pour ce qui est des techniques photographiques, j’ai souvent recours aux longues expositions, qui m’aident à magnifier l’eau et les nuages et à retranscrire la sensation du mouvement. Quand l’écart entre les hautes lumières et les ombres est trop important pour l’appareil, j’utilise également un bracketing d’exposition pour tirer meilleur parti de certaines scènes. Enfin, lorsque le paysage est trop grandiose pour tenir dans un seul cadre, je réalise des panoramas en assemblant plusieurs photos sur Lightroom.

Du côté de la post-production, comment travailles-tu tes photos ? Tu utilises Photoshop & Lightroom : quels sont leurs rôles respectifs ?

Pour la post-production, j’essaye de rester fidèle à ce que mes yeux ont vu. J’aime conserver le plus de naturel possible, tout en renforçant l’intention de chaque image. Je fais en sorte que les retouches que j’apporte soient presque invisibles. D’une manière générale, je suis assez sensible aux forts contrastes et à une faible saturation. Je protège toujours les hautes lumières et n’hésite pas à écraser légèrement les noirs. Il m’arrive parfois d’expérimenter en faisant varier les teintes ou en créant des rendus comme le split-toning, mais je me demande d’abord si cela peut ajouter à l’image ou non.

Mon workflow quant à lui est essentiellement basé sur Lightroom. Grâce à ce logiciel, je peux trier les photos, les recadrer et/ou les redresser, régler la tonalité, la balance des blancs, ajouter du grain, une vignette et appliquer des profils couleur et des corrections d’aberrations. Je n’interviens sur Photoshop que pour des finitions particulières ou des opérations plus complexes, comme le dodge & burn ou la suppression d’éléments gênants dans le cadre.

Enfin, quels sont tes projets actuels et futurs ?

L’essentiel de mes projets actuels est plutôt basé sur la vidéo. Côté photo, j’ai tout récemment opéré une mise-à-jour de mon identité visuelle, ainsi que de mon site internet, dont voici l’adresse : https://antoinethibaudphotography.myportfolio.com.

J’ai aussi participé à ma première exposition officielle sur le thème du paysage marin en noir et blanc et je prépare déjà la suivante. Aussi surprenant que cela puisse paraître, elle devrait porter sur le Sud-Ouest et les paysages d’été. J’ai également beaucoup de projets persos en tête, dont une série dans Paris présentant un lieu ou un monument symbolique de chaque arrondissement et un voyage photo sur l’île volcanique de Lanzarote. Je rêve aussi du Japon, dont les villes modernes et remplies de néons m’attirent tout autant que les paysages minimalistes d’îles comme Hokkaido.

Merci !

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