#AdobeHiddenTreasures : Graphéine a relevé le défi !

La typographie est un patrimoine créatif inestimable. C’est pourquoi Adobe, la Fondation Bauhaus Dessau, Erik Spiekermann et un groupe de jeunes designers ont choisi de redonner vie aux typographies inachevées de la fameuse école de design. Elles sont mises à la disposition de la communauté créative à travers divers challenges. L’agence Graphéine a relevé les deux premiers et nous en raconte les coulisses.

  1. Que pensez-vous de la démarche entreprise pour la campagne Hidden Treasures of Bauhaus Dessau ?

Toutes les actions de valorisation de patrimoine culturel nous semblent des projets indispensables. Qu’il s’agisse du patrimoine typographique nous touche particulièrement chez Graphéine.

La collecte, la protection et la conservation de ce patrimoine n’auraient pas de justification en soi si l’objectif poursuivi n’était pas de mettre ses richesses à la disposition du plus grand nombre. La démarche de valorisation engagée par Adobe, Erik Spiekermann et tous les autres acteurs du projet, transforme le “patrimoine brut” en “connaissance”, venant ainsi enrichir le patrimoine culturel commun. L’altruisme de la démarche nous touche. Le tout est prétexte à la rencontre et aux échanges, servant indirectement toutes les formes de progrès (social, économique, environnemental…).

  1. Qu’avez-vous pensé des deux challenges : la création d’un logo et d’un poster avec les typographies inachevées du Bauhaus Dessau ?

Pour commencer, c’est un jeu. Nous aimons jouer. C’est la meilleure façon d’apprentissage.
En fixant le cadre et les règles de ce concours, Adobe donne l’occasion à tous les designers de confronter leurs regards sur un sujet commun.

Pour notre part, en interne, ce projet a été abordé comme une récréation créative. Un moment où l’on peut relâcher la tension, où il n’y pas d’autres enjeux que de prendre du plaisir à créer.

  1. Comment avez-vous travaillé pour y répondre ? Quels ont été votre workflow et les solutions CC utilisées ?

Paradoxalement, la très grande liberté de création offerte par ce concours a pu, de prime abord, être déconcertante. Tous les designers le savent, les contraintes sont nécessaires à l’exercice du design. Donc nous avons d’abord cherché à nous fixer nos propres contraintes. Comment pouvions-nous apporter un “point de vue” original sur ces typographies ? Comment pouvons-nous concilier l’utile à l’agréable ? Comment éviter l’hommage stérile et le pléonasme visuel ? Et évidemment, comment cela peut-il servir Graphéine…

Tout cela commence donc par des heures de réunions, d’esquisses, de débats, d’idées… mais aussi d’expérimentations formelles sous Illustrator CC pour prendre en main la matière typographique, pour comprendre sa forme et son fonctionnement.

C’est là qu’intervient la magie de la création collective. Quand des faisceaux d’idées individuelles se croisent pour produire une idée collective plus grande. Quand un sourire s’affiche sur le visage de toute l’équipe et que chacun y trouve son compte. Par exemple le challenge logo concilie la passion footballistique de l’un, le goût pour l’histoire de l’autre, la fierté de pouvoir valoriser des femmes designers peu connues comme Annie Albers, Gunta Stölzl ou Marianne Brandt pour un troisième, ou encore la possibilité de continuer à produire du contenu utile et durable pour le blog de l’agence.

Et chacun de se mobiliser au service du projet, l’un de travailler sur les t-shirts (Illustrator), l’autre de s’occuper du logo (Illustrator), le troisième des textes (InDesign), le quatrième du making-of (Photoshop), le cinquième de la mise en ligne…

Sur le challenge, affiche, le propos est différent. Plus humoristique. Nous avons actuellement la chance d’avoir depuis quelques mois une nouvelle recrue dans notre équipe. Ajitesh Lokhande est originaire de Bombay. Le poster « Bauhaus Wurst » est tout simplement né d’un souvenir de voyage d’Ajitesh à Berlin. Ajitesh est particulièrement curieux et depuis son arrivée à Paris, il en profite pour faire beaucoup de voyages en Europe. Cette curiosité culturelle est très importante pour nourrir la créativité, même si dans ce cas précis, il peut s’agir d’une découverte des spécificités culinaires locales ! Cette anecdote a été le point de départ de cette création. Mais le résultat procède du même workflow collectif, et nous amène par associations d’idées à décaler “gastronomiquement” le sujet.

Quand le design met en appétit, c’est bien aussi !

  1. Quelles inspirations ont guidé votre parti-pris ?

Évidemment la philosophie-même du Bauhaus nous a inspirés… Tout comme elle nous inspire quotidiennement dans la pratique de notre métier !

Dans la vision du Bauhaus, l’art doit s’affranchir des distinctions et ne doit pas seulement être catégorisé dans la case du beau (Beaux-Arts) ou du fonctionnel (Arts appliqués). Il doit être les deux, à la fois : art et technologie. Il doit surtout être au service de l’Homme et de son progrès. Dès lors, en croisant sport et culture, nous espérons offrir l’occasion à un public peu susceptible de s’intéresser au Bauhaus de découvrir un nouvel univers. Et inversement !

  1. Comment travaillez-vous la typographie dans vos réalisations au quotidien ?

La typographie est un outil central dans notre pratique du design. C’est la forme que prennent les mots. Comme la partie inconsciente du langage.

Travailler la typographie nécessite un très haut niveau d’expertise et d’expérience. Il faut en connaitre des centaines, en maitriser les usages et en connaitre les limites. C’est un savoir-faire exceptionnel.

Pour appréhender, expérimenter, interpréter, utiliser ou créer ces formes, Adobe Illustrator CC est l’outil indiqué, pour ne pas dire exclusif. Vectoriser une lettre est toujours un moment incroyable. C’est comme accéder au code source d’un programme informatique. Tout à coup, la structure se dessine, et vous offre la possibilité de comprendre son dessin, d’en révéler le secret de fabrication… et pourquoi pas d’utiliser cette création pour en proposer une nouvelle.

Le risque d’outils aussi pratiques que ceux d’Adobe c’est de céder à la faciliter, et d’opter pour le choix par défaut que le logiciel propose. Par exemple, le classement alphabétique des typographies va considérablement réduire la chance du “Walbaum” d’être utilisé puisque situé à la toute fin de la liste. Notre responsabilité de designer est donc de lutter contre ces choix par défaut, ces simplifications et autres standardisations.

Ceci peut expliquer le nombre incalculable d’heures passées à choisir la forme d’un empattement ou le réglage parfait d’un interlettrage. À ce sujet, tout comme l’a été en son temps, l’invention du format “Postscript” par Adobe, les innovations apportées en matière de “font variable” sont profondément excitantes pour notre métier. Bref, continuons les révolutions technologiques, sociales, artistiques, et surtout typographiques !

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Et pour retrouver l’ensemble des réalisations et les coulisses de création de Graphéine, rendez-vous sur leur blog :

Et pour participer au concours #AdobeHiddenTreasures à votre tour, rendez-vous ici : http://adobe.ly/2tCIc2V