L’expérience, moteur de l’Adobe Symposium 2018
Blogpost rédigé par Olivier Saint‑Léger.
“Les consommateurs n’achètent plus de produits, ils achètent des expériences”. Cette phrase, c’est toute la thématique de l’Adobe Symposium qui s’est tenu la semaine dernière à La Défense. Annoncée de la sorte, cette assertion implique de grands challenges pour l’entreprise. Nous l’avons bien vu au cours de ces dernières décennies, le rapport avec le client est passé d’un modèle relativement simple (pour ne pas dire simpliste) à une relation complexe, qui va bien au delà de l’acte marchand lui même. Il faut raconter des histoires. Il faut savoir interagir avec le client, et donc l’écouter, le comprendre et répondre intelligemment à ses attentes et le surprendre. Voire même être force de proposition sur ses besoins à venir.
Quand au consommateur, c’est très simple. La règle est désormais : IW — WIW — WIW — WIWI (I Want, What I Want, When I Want, Where I Want It). En clair, il veut tout, tout de suite, quel que soit le canal ou la temporalité, et où il veut. Ah, et j’oubliais, il veut également qu’on le connaisse, qu’on s’adapte à lui et qu’on le respecte. Seuls ces pré-requis importent, et l’impacts de ses attentes sur l’entreprise ne comptent pas (et il a parfaitement raison). Facile non ? Entreprises, bienvenue dans un monde (quasi) temps réel, personnalisé, et fondamentalement humain avec une composante forte en émotions…
Toujours plus de contenus
Pour s’adapter à ce chamboulement, beaucoup d’entreprises ont entamé depuis quelques année la fameuse transformation numérique, buzzword qui n’a évidemment échappé à personne. Avec le support de nouveaux profils (CIO, CDO, etc.), il a fallu évangéliser, sensibiliser et former les collaborateur aux nouveaux usages du numérique, ou encore apprendre à mieux travailler ensemble.
Maintenant, si l’intégration du numérique est désormais une évidence pour une grande majorité des collaborateurs (Internet est une composante de leur vie privée depuis au moins une décennie maintenant), l’impact sur leur métier atteint des limites qui ne peuvent être dépassées qu’avec l’appui des technologies. Il faut faire face au temps réel et pouvoir comprendre (et maîtriser) un profil utilisateur dans un parcours client qui est complexe, gérer la fragmentation des canaux, maitriser le storytelling ou orchestrer des campagnes sur l’ensemble des canaux où les clients interagissent avec la marque.
Par exemple, la création d’une relation basée sur l’expérience implique une forte production de contenus, chose qui n’est pas forcément inscrite dans le code génétique de l’entreprise. De plus, ces contenus se doivent d’être renouvelés avec une fréquence importante, ce qui a un impact fort sur les équipes créatives. Comme le soulignait Luc Dammann, Directeur Général d’Adobe pour l’Europe du sud et de l’Ouest, lors de sa keynote d’ouverture du Symposium, 85% des créatifs sont sous pression pour créer des contenus et livrer des campagnes plus rapidement et 71% doivent créer 10 fois plus de contenus aujourd’hui pour suivre la multiplication des canaux.
With a little help from my friend
Dans ce contexte, le recours à l’Intelligence Artificielle (IA) devient presque une nécessité absolue. L’arrivée rapide de l’IA ne manque pas d’interroger l’être humain, qui se demande si cette « technologie » va bientôt le remplacer. Bien sûr que non (ce type d’interrogation émerge à chaque nouvelle vague de technologies non maîtrisée) ! L’IA doit être vue comme un outil qui permet, justement, d’augmenter les capacité créatives des collaborateurs (lire l’article d’Eric Debray qui est intervenu sur le Symposium pour donner son éclairage à ce sujet). Elle permet d’éliminer les tâches chronophages et répétitives, pour laisser plus de champs à celles ayant une véritable valeur ajoutée pour le métier. Comme le soulignait avec une certaine poésie Lionel Billon de chez Microsoft, « l’IA est l’amplificateur de l’ingéniosité humaine ».
Soyons clairs, les collaborateurs sont bien incapables de faire face à l’explosion des données, et au traitement qui les accompagne, sans l’appui de l’IA.
Les infrastructures au cœur de tout
Cette explosion des activités numériques a forcément un impact sur les infrastructures. Celles-ci sont désormais les fondations indispensables de l’entreprise. Hors des technologies, point de salut. Et c’est sans doute ici que se trouve désormais le challenge principal pour les entreprises. Les impératifs des différents métiers ainsi que la globalisation des échanges entre les services tendent à mettre en place une plateforme unique qui doit fonctionner 24/7/365, sans la moindre interruption de service aussi microscopique soit elle, pour délivrer une expérience sans couture aux consommateurs. Une inquiétude mise en évidence par Domitille Doat (@DomitilleDLB), CDO de Danone, qui souligne que « le plus gros défi est sans doute la maintenance de systèmes qui deviennent de plus en plus complexes ».
Focus sur le e‑commerce
Lors de cette édition 2018, le e‑commerce avait une place toute particulière, Adobe ayant fait l’acquisition de Magento l’été dernier. Comme l’a expliqué Shantanu Narayen lors du dernier Magento Live à Barcelone, cette acquisition permet à Adobe de permettre la monétisation des contenus. Frédéric Cavazza, présent à Magento Live (lire son compte rendu ici), est intervenu au Symposium pour livrer les grandes tendances autour du e‑commerce qui se porte bien avec plus de 200 000 acteurs en France. Premier constat : le mobile dévore Internet et est omniprésent dans les usages. D’ailleurs, une étude Adobe renforce cette tendance, puisqu’aux aux Etats-Unis 80% des médias sociaux sont utilisés via un mobile. Les points de tendance mis en avant par Frédéric sont nombreux. On citera, sans être totalement exhaustif, la fin des applications natives (vive les Progressive Web Apps), la fragmentation des audiences, l’omni-canal qui devient la norme ou encore la fin du marketing de masse pour aller vers une personnalisation de plus en plus forte (et nécessaire). Sans conteste possible, les trois principaux leviers de la performance en e‑commerce sont la donnée, l’IA et le smartphone.
Mais une interrogation forte de Frédéric pose la question du e‑commerce dans un monde monopolisé par les grands acteurs incontournables tels que Amazon ou Alibaba. Comment, donc, être en mesure d’exister face à ces géants ? Pour Frédéric c’est sans doute du côté des micro-marques, de la verticalité et de l’expérience qu’il faut creuser pour se… démarquer. Enfin, bien sûr, il ne faut pas oublier les interfaces vocales qui seront très certainement la tendance forte pour les années à venir…
Un peu d’humour pour finir
C’est désormais un rituel : le Symposium se termine par une keynote qui donne un peu de prospective à cette journée particulière. Cette année, l’humour était au rendez-vous avec le retour de Cyrille de Lasteyrie AKA @vinvin on stage. Une intervention drôle, sérieuse, grinçante, prospective, décalée… bref bien difficile à résumer en quelques lignes. Pour faire court, Cyrille a réalisé la prouesse de résumer l’histoire de l’expérience client depuis l’âge de pierre jusqu’à 2050… en 20 minutes. Morceau choisi en forme de conclusion au sujet du client : « Avant, le marketing c’était simple, on avait le meilleur produit au meilleur prix, une bonne pub avant la Grande Vadrouille à la télé, quelques promos et ça roulait. Maintenant, avec les réseaux sociaux, ça se plaint et ça devient un dictateur. »
[#BonusTweet] Et demain la #voix : comment la #marque va-t-elle trouver sa place auprès des consommateurs ? par un @Vinvin
très inspiré. #FlashTweet Spécial #AdobeSymp #SoFunny #fun #mustsee #assistantvocal #IA #IntelligenceArtificielle #ExperienceClient pic.twitter.com/6f3mSH0Vft
— FlashTweet ⚡️ (@FlashTweet) November 13, 2018