[Visual Trends] Toucher et tactilité : nourrir nos sens oubliés

Avez-vous regardé un écran aujourd’hui ? La réponse est forcément oui, puisque vous lisez cet article. Nous sommes tous entourés d’écrans et d’appareils high-tech sophistiqués qui tissent des liens numériques. Peut-être leur avons-nous fait de la place dans notre quotidien au détriment d’interactions bien réelles ? Et au risque de perdre le sens du toucher. Les textures, la chaleur et les imperfections que l’on découvre à travers nos interactions avec le monde réel— artisanat, textiles, matériaux — nous feraient-elles défaut ? https://www.youtube.com/embed/5Ed6QK20dCo La consommation de contenus numériques et les interactions via les écrans façonnent notre dernière tendance visuelle pour 2018, qui est un appel en faveur de la tactilité, du retour au toucher. Cette tendance se retrouve partout : dans l’architecture, la mode, la pop culture, et même dans les images. À l’approche des fêtes de fin d’année, il est probable que le monde de la création mette l’accent sur le toucher et les relations interpersonnelles (IRL).

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L’expérience de la tactilité Toutes sortes d’expériences voient le jour pour combler notre envie de toucher. Par exemple, The Thread Caravan organise des séjours pour les voyageurs qui souhaitent découvrir les techniques de l’artisanat traditionnel. Ils travaillent avec des artisans locaux, créant ainsi une relation humaine à travers le toucher, les textures et un amour commun pour le travail manuel.

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Chargée de créer un environnement d’apprentissage idéal pour le centre de formation Nanyang de Singapour, l’équipe du Heatherwick Studio s’est attachée au toucher et aux imperfections. Elle a fait réaliser des dessins à la main, qu’elle a utilisés pour créer des textures en relief sur les murs en béton du bâtiment, afin de leur donner l’aspect d’une matière travaillée à la main. https://www.youtube.com/embed/Eq1LKJJd_FU rightcamerman/Pond5 / Adobe Stock Le monde de la mode, toujours à l’avant-garde, s’efforce bien évidemment de satisfaire notre désir de tactilité. Les tendances de la saison printemps/été 2019 font la part belle aux textures, avec des plumes et de riches superpositions, des volants et des écailles et filets inspirés de l’océan. La montée en puissance de l’artisanat Si les expériences, les lieux et les vêtements dans lesquels nous nous drapons privilégient de plus en plus les textures, nous adoptons aussi tout ce qui est fait maison, artisanal, confectionné à la main, en tendant à créer davantage de lien avec les artisans. Voyez comment nous parcourons sur Etsy un nombre incroyable de produits faits à la main, et prenons contact avec les artistes pour connaître leurs techniques et leur présenter nos envies. Le site rassemble quasiment 2 millions de vendeurs actifs, et les ventes ne cessent d’augmenter. Nous voulons même nous regarder faire les uns les autres. On l’observe à travers les nombreuses émissions télévisées qui mettent en valeur le faire soi-même : Cousu main, Le Meilleur Patissier, Top Chef…

Sonja Lekovic / Stocksy / Adobe Stock

Il est même possible que la tendance artisanale, axée sur le toucher, soit arrivée jusque dans votre cuisine, sous la forme du slime. Ce produit fait maison, déformable et étirable à volonté, a déclenché une telle passion que l’ingrédient principal, la colle, a rapidement été en rupture de stock. Les amateurs de slime ne se contentent pas de la texture gluante : ils y ajoutent des paillettes, des perles et des breloques pour varier les effets tactiles. Cette tendance a donné lieu à d’innombrables tutoriels sur YouTube et à des millions de publications sur Instagram (#slime). Et même sans l’avoir jamais touchée, cette pâte peut vous procurer une sensation physique rien qu’en la regardant. Les vidéos de type ASMR sur la fabrication du slime donnent par exemple des frissons à certaines personnes. La technologie apprend le toucher C’est peut-être notre attachement aux écrans et aux gadgets qui engendre le désir d’un monde tactile, mais cela ne veut pas dire que la technologie ne peut pas s’adapter. Nous voyons apparaître des interfaces et textiles high-tech plus chaleureuses, plus humaines, moins parfaites, et qui donnent plus envie de les toucher.

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Par exemple, il existe déjà au moins deux vestes en jean à composante technologique. La styliste hollandaise Pauline van Dongen a créé un vêtement cocon qui réagit au toucher et qui caresse doucement le dos de celui qui le porte. Levi’s et Google ont développé une veste dont le tissu sensible au toucher vous permet de contrôler votre smartphone sans les mains. Les designers high-tech qui ont saisi notre désir d’un retour aux sensations physiques incorporent des imperfections pour accroître l’adoption de leurs produits : ils créent des formes arrondies rassurantes et misent sur des couleurs plus douces qui cassent le côté épuré et stérile de la technologie. Conformes à cette tendance, les écouteurs Pixel Buds de Google sont en forme de galets, avec des câbles textiles. Pour leur part, les enceintes Bluetooth Eneby d’Ikea sont recouvertes d’un tissu texturé en camaïeu de gris. Toujours en lien avec cette tendance, le mouvement Zero UI recherche des interactions high-tech plus naturelles, ce qui veut dire que nous toucherons moins nos outils, mais interagirons plus chaleureusement avec eux. Vous avez déjà fait l’expérience de ce phénomène si vous avez interagi avec un assistant numérique personnel comme Alexa d’Amazon, Google Home ou Siri. Ces interfaces s’humanisent peu à peu : Amazon a appris à Alexa à rire et à faire des plaisanteries, et une technologie brevetée permet à Siri de murmurer si vous lui parlez doucement. Des images que vous pouvez sentir En matière d’arts visuels, la tendance « toucher et tactilité » suit deux grands axes. Il y a, d’une part, les images qui mettent en avant des textures fortes et familières (pensez à l’eau froide, à l’herbe sèche, aux cheveux mouillés), notamment si des mains ou le corps tout entier se tendent pour les toucher, et d’autre part, les images qui reflètent la douceur humaine (accolades, baisers, mains enlacées, etc.). Elles s’adressent toutes à un manque en nous : la tactilité, ainsi que la chaleur et la complexité des relations en face à face.

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Une opportunité que les designers et les marques doivent saisir Nos corps et nos cerveaux sont tout simplement conçus pour un monde tactile, mais la plupart d’entre nous avons largement négligé cette dimension. Les marques et les designers doivent s’approprier cette quête de textures et de connexions chez les consommateurs. Le moment est parfaitement choisi pour adopter des surfaces, textures et objets imparfaits et agréables à toucher, qui s’accompagnent d’authentiques moments d’échanges humains. _Découvrez notre galerie exclusive « Toucher et tactilité » _ici.