Stratégie de données asphyxiée par les « jardins clôturés » : trois mesures pour y remédier
Stratégie de données asphyxiée par les « jardins clôturés » : trois mesures pour y remédier
Les entreprises n’échappent pas aux métaphores horticoles. Plusieurs dizaines d’ouvrages ont été écrits, expliquant aux dirigeants comment « semer les graines » de la croissance ou « développer » une culture qui porte ses fruits.
Les responsables marketing, ventes et informatique sont conditionnés pour se focaliser sur leurs propres équipes ainsi que sur une série restreinte d’objectifs. Ils transforment ainsi les entreprises pour lesquelles ils travaillent en jardins clôturés (walled gardens), chacun possédant sa propre approche cloisonnée vis-à-vis des individus et des données.
Qu’est-ce qu’un jardin clôturé exactement ?
Si l’on considère l’entreprise comme un assortiment d’équipes, un jardin clôturé est une équipe dont le fonctionnement s’apparente à celui d’une boîte noire. Les informations en entrée sont traitées en fonction de l’expertise de l’équipe en question, et le résultat en sortie est ensuite proposé dans un format standard. Les autres départements n’ont aucune visibilité sur la mécanique interne ou sur les autres moyens d’obtenir ces résultats, car ils sont totalement coupés du processus.
Bien souvent, et en particulier dans le contexte de services logiciels, les personnes qui travaillent en jardins clôturés ne s’en rendent pas compte car ils n’en subissent pas les inconvénients. L’analyste continuera à extraire les mêmes informations d’un jeu de données clients particuliers. L’expert en référencement payant trouvera toujours les moyens d’optimiser les dépenses engagées sur AdWords pour une campagne.
Pour autant, si l’on prend un peu de recul, les jardins clôturés compliquent la progression des clients dans l’entonnoir des ventes. Car, faute de transmission des données clients, comment les départements marketing peuvent-ils assurer un parcours fluide d’un service à l’autre et adresser aux clients le message adéquat ? Comment les équipes CRM peuvent-elles prendre des décisions éclairées pour fidéliser les clients si les données afférentes sont stockées dans les jardins clôturés d’autres départements ?
Il appartient aux différents responsables de l’entreprise de décloisonner leurs équipes. Pour ce faire ; trois mesures sont envisageables :
- Faire prendre pleinement conscience à chacun de la valeur des données
À force de manipuler des données dans le seul but d’atteindre invariablement leurs propres objectifs, nombre de professionnels se confortent dans leur mode de fonctionnement. À l’instar de la boîte noire, ils savent ce qu’il convient de faire des informations et comment en tirer des enseignements, mais leur imagination se heurte à l’étroitesse des objectifs fixés. Le changement radical, pour les marques, consistera à aider chaque collaborateur à prendre conscience de la valeur incommensurable des données pour l’entreprise dans son ensemble, en allant au-delà de son périmètre de responsabilités.
- Adopter des processus favorisant l’intégration
Les entreprises doivent également réfléchir à la manière dont elles peuvent combiner des données en interne pour améliorer leur communication, le design des produits et les expériences clients, tout en développant des processus pour mettre tout cela en œuvre. En intégrant chaque point de contact et chaque élément du parcours utilisateur dans leur méthode d’exploitation des données, les entreprises seront en mesure d’élaborer des campagnes qui témoignent d’une parfaite connaissance des clients, tout en améliorant leurs propres produits et services.
- Transformer les connaissances en actions
Avec la mise en œuvre de processus adéquats, les entreprises peuvent commencer à collecter et structurer des données à l’aide de méthodes qui produiront des résultats. Les équipes de création et d’exécution pourront alors créer des profils clients plus précis, et se nourrir l’une l’autre pour l’élaboration de campagnes, en donnant aux pôles marketing, ventes et informatique les moyens d’appliquer ces connaissances à leurs stratégies clients.
Jardins clôturés tiers
Récemment, une autre forme de jardin clôturé a été passée au crible. Des acteurs tels que Facebook et Google ont accès à des volumes de données utilisateurs tellement conséquents que les grandes marques comptent sur eux pour faciliter leur ciblage publicitaire. Ce qui peut se comprendre aisément.
Mais on retrouve là aussi le syndrome de la boîte noire. Les entreprises communiquent des informations ultra détaillées sur leurs clients pour ne recevoir en retour qu’un éclairage global. Par exemple, une société spécialisée dans les produits lessiviels saura, sur la base de données Facebook agrégées, que 12 individus sur 100 achètent des produits d’entretien en ligne, mais sans autre précision sur l’identité de ces consommateurs. Les entreprises peuvent uniquement s’en remettre aux solutions publicitaires Facebook actuelles, qui ne constituent pas toujours la formule la plus efficace.
Encore une bonne raison pour elles de réexaminer leurs processus internes et de trouver des moyens d’extraire davantage de valeur de leurs propres données. En éliminant les jardins clôturés de leurs processus, elles peuvent œuvrer à rapprocher davantage les équipes marketing, ventes et informatique, et attirer les clients avec une proposition véritablement unique.