Quand la publicité prédit nos envies
La publicité programmatique est aujourd’hui une réponse forte à un éparpillement des audiences, à travers les canaux numériques et traditionnels. Elle permet aux médias et aux annonceurs de reconstituer ces audiences pour leur délivrer des contenus personnalisés. Voire de prédire nos envies pour nous proposer des expériences individualisées et contextualisées.
« L’enjeu de la publicité programmatique est la reconquête de l’audience », explique Jean-Baptiste Rouet, Chief Digital & Programmatic Officer chez Publicis Media.
La place qu’occupe le numérique dans nos vies quotidiennes a conduit à une démultiplication par 4 du nombre de points de contact avec les marques en l’espace de 10 ans. Cette fragmentation des audiences remet en cause l’efficacité des campagnes publicitaires et incite les annonceurs et les diffuseurs à repenser le planning média.
« Si on enlève le search, la télévision reste le 1er média en termes d’audience. Néanmoins, le digital est aujourd’hui le moteur de croissance de la publicité et les plateformes comme Facebook et Google captent 90% de cette croissance », explique-t-il. Avec un marché estimé à 1,5 milliard d’euros en France, la publicité programmatique occupe une place grandissante du display global, portée notamment par la croissance des réseaux sociaux.
Simplifier l’achat d’audiences ciblées
Face à ces acteurs, les médias traditionnels se digitalisent et s’organisent afin de proposer le meilleur des deux mondes : profiter de la puissance du média TV tout en adressant les audiences du digital, qui ne sont pas ou peu sur les médias classiques. TF1, France TV et M6 ont uni leurs forces pour créer SYGMA Data Video Access, une interface commune à leurs régies publicitaires qui permet aux annonceurs d’accéder à l’inventaire vidéo publicitaire associé à la donnée logguée de ces trois chaînes.
« La télévision et le digital ne s’opposent pas mais se complètent : 75% des millénials ont un compte TF1, M6 ou France TV. Mais l’enjeu pour nous, en tant qu’acteur local, est de devenir compétitifs sur un marché devenu global », explique Sylvia Tassan Toffola, Directrice Générale Déléguée chez TF1 Publicité.
Face à des audiences qui se désagrègent et un marché publicitaire devenu mondial, ces trois médias capitalisent sur leur intelligence collective. Avec SYGMA Data Video Access, ils proposent une solution d’optimisation de l’efficacité des campagnes de leurs annonceurs, à travers l’ensemble des canaux. La démarche s’appuie sur trois piliers :
- Proposer les meilleurs contenus, avec une personnalisation de l’offre ;
- Faciliter les achats d’espaces publicitaires en temps réel ;
- Mesurer l’efficacité des campagnes.
Reconstituer les audiences
Cette initiative repose sur leur capacité à gérer, analyser, exploiter la donnée en leur possession. « La donnée permet de reconstituer les audiences. Nous sommes ainsi passés du média planning à l’audience planning, puis aujourd’hui à l’EFFI Planning. L’achat ne se fait plus au contact, mais au clic ou à la vue complétée. La performance est optimisée grâce aux algorithmes », explique Jean-Baptiste Rouet.
Pour atteindre un tel niveau de performance, il faut disposer à la fois d’une donnée de qualité, mais aussi d’une puissante capacité d’analyse.
Suivre son audience tout au long de son parcours
L’Intelligence artificielle (IA) se présente ainsi comme une aide précieuse pour créer des modèles de comportement qui aident les médias et les annonceurs à mieux cibler leur public. « L’IA nous aide dans l’analyse d’images à travers notre programmation. On peut par exemple repérer les scènes où il faut beau pour placer une publicité en rapport avec le contexte. Sans l’IA, c’est un travail qui requiert 11 fois plus de temps », explique Guillaume Charles, Directeur Général Adjoint de M6 Publicité.
Elle permet de rendre la donnée intelligible et de produire un travail d’analyse qui requiert des moyens humains et un temps d’investigation considérables. Dès aujourd’hui, grâce aux modèles de machine learning et à la démocratisation de l’IA, il est d’ores et déjà possible de :
- accélérer la conception de contenus publicitaires pertinents,
- délivrer des publicités personnalisées,
- automatiser et contextualiser les achats publicitaires selon la nature des programmes,
- tirer profit des analyses d’audience pour optimiser le modèle de diffusion et maximiser l’efficacité des campagnes.
Améliorer la qualité des expériences
Ce n’est là qu’une première étape. Car si elle est cruciale, la donnée constitue bien un moyen plutôt qu’une fin en soi. C’est, _in fine, _le client, l’audience, l’utilisateur qui reste le cœur du sujet.
« Nous avons une relation privilégiée avec notre audience grâce aux contenus. Nous devons consolider cette relation en proposant à nos publics des expériences qui soient personnalisées et unifiées à travers les écrans qu’ils utilisent au quotidien », confirme Guillaume Charles.
L’expérience reste en effet le véritable enjeu de la publicité programmatique : les médias et les annonceurs se mettent en ordre de bataille pour pouvoir délivrer des contenus publicitaires si bien personnalisés qu’ils en deviennent individualisés et contextualisés.
Passer de la personnalisation à la prédiction
Pour réussir cette expérience, les annonceurs et les médias doivent être en mesure de suivre leurs audiences tout au long de leurs parcours de façon individualisée. Il leur faut pour cela attribuer un identifiant unique à chaque utilisateur, afin de pouvoir le reconnaitre à chacune de ses interactions avec le média, que ce soit sur smartphone, sur ordinateur, sur le téléviseur ou même par la radio numérique. Les campagnes ne seront alors plus élaborées à partir de l’audience d’un média, mais bel et bien à partir d’une conversation individualisée avec chaque personne qui compose l’audience d’un média. « Le nerf de la guerre de l’expérience, c’est d’identifier chaque personne qui compose son public cible en lui attribuant un ID User unique. Chaque annonceur serait en mesure de suivre le client tout au long de son parcours cross canal et de construire une relation personnalisée, conversationnelle avec lui », estime Jean-Baptiste Rouet.
La publicité programmatique n’en est qu’à ses prémices. Dans un futur très proche, les médias et les annonceurs seront en mesure de prédire les attentes des audiences cibles afin de leur adresser une publicité individualisée. La transformation de la publicité est en marche : nous sommes passés d’un modèle fondé sur l’audience à un modèle fondé sur la personnalisation des campagnes. Bientôt, ce modèle sera celui de l’ultra-pertinence publicitaire, fondé sur la prédiction.
TF1, M6 et Publicis Media font partie des entreprises créatrices d’expériences à avoir pris la parole à l’Adobe Symposium le 13 novembre 2018.