Experience client : donner un nouvel élan au secteur FSI
Chaque relation comporte des moments clés, des étapes qui, indépendamment de leur dimension symbolique, nous rapprochent et façonnent ce que nous signifions l’un pour l’autre. Certaines de ces étapes — obtention d’un prêt étudiant, achat d’un logement, mariage, naissance — impliquent les services financiers et les compagnies d’assurance. Leurs produits nous permettent d’avancer dans la vie, et leurs conseils nous préparent à ces étapes.
Si le potentiel du digital à aider les acteurs du FSI à optimiser leurs relations avec les clients est indéniable, ces entreprises ne savent pas toujours comment l’exploiter. Selon un rapport de tendances de 2018 produit par Adobe et Econsultancy, 28 % des annonceurs des services financiers citaient l’optimisation de l’expérience client comme la priorité absolue, mais seulement 7 % se souciaient de la « création de contenu attrayant pour les expériences digitales ».
Ces services marketing dépensent des milliards en publicité digitale. Si l’on en croit le document « US Financial Services Industry StatPack 2018 » d’eMarketer, leurs dépenses publicitaires dépasseront les 15 milliards de dollars en 2019. Or, sans amélioration de la stratégie, l’accroissement des dépenses n’a que peu d’intérêt, indique Christopher Young, directeur de la stratégie pour les services financiers chez Adobe.
« Aujourd’hui, il est essentiel de cerner le client pour lui offrir un meilleur service, ce qui oblige au minimum les annonceurs à renforcer considérablement la précision, la personnalisation et la prise en compte du contexte de chacun. »
Les consommateurs veulent des services et messages pertinents et sur mesure. Pourtant, les établissements financiers traditionnels continuent de faire appel aux e‑mails envoyés en masse, aux bannières cliquables et aux offres génériques. Ces méthodes ne fournissent pas une base assez solide pour nouer des relations authentiques et durables, encore moins lorsque leur cible est de plus en plus au fait des stratégies marketing et lassée de l’utilisation faite par les marketeurs de ses données. Pourtant, l’environnement actuel est propice à l’impulsion donnée par les annonceurs, dans un contexte de transformation des entreprises, sans perdre la confiance de quiconque.
Tisser des liens dans le respect des règles
Les marketeurs et les annonceurs créent les ponts entre les marques et les consommateurs. Pour offrir des services qui soient customer-centric, il faut en premier lieu avoir une culture customer-centric, un enjeu auxquels les annonceurs dans le domaine du FSI sont capables de montrer l’exemple.
Le respect des réglementations en matière de confidentialité des données peut freiner ces initiatives. Pour Christopher Young, « les établissements financiers éprouvent notamment des difficultés face à l’optimisation dynamique des créations et à l’hyperpersonnalisation (…), car cela nécessite de faire appel au service juridique. »
Pourtant, la conformité n’est pas incompatible avec la personnalisation, et elle n’empêche nullement les marketeurs d’optimiser les différents canaux publicitaires. Certes, les établissements financiers sont limités concernant l’utilisation des informations personnelles et des cookies de suivi des visiteurs sur le web, et doivent se plier à de nouvelles législations comme le RGPD. Mais même avec les contraintes créatives imposées par les organismes réglementaires sectoriels, il reste possible pour les marketeurs des services financiers de collecter des informations démographiques. Ils peuvent par exemple offrir aux consommateurs la possibilité de relier leurs comptes à leurs réseaux sociaux et à leurs services de banque en ligne, puis utiliser ces données pour segmenter leurs audiences et déployer des expériences ciblées.
Avec des outils de tests multivariés de pointe, ils peuvent identifier les publicités les plus performantes ou les groupes d’audience à partir d’un comportement donné. Presque tous les consommateurs ont une présence digitale, et les outils et sources de données relevant du domaine public permettent d’obtenir des enseignements exploitables sur leurs centres d’intérêt.
« L’utilisation de sources comme IXI et Acxiom révèle d’autres caractéristiques et loisirs, comme les actifs à investir ou les dépenses », poursuit Christopher Young. « Tous ces éléments de données peuvent être utilisés à des fins de personnalisation sans pour autant utiliser d’informations nominatives. Les services financiers peuvent mettre en place un nombre conséquent d’initiatives tout en restant en règle. »
Annonceurs : des objectifs communs quel que soit leur secteur
Les objectifs des annonceurs du FSI ne sont pas si différents de leurs homologues d’autres secteurs. « Ils s’efforcent avant tout d’influencer de manière positive la stratégie de l’entreprise en renforçant la notoriété de la marque, la personnalisation, ainsi que les ventes croisées et les montées en gamme », explique David Perry, Sales and business development, strategic accounts chez Adobe.
En d’autres termes, ils souhaitent instaurer des échanges de qualité. Il n’est donc pas étonnant que la plupart des bonnes pratiques publicitaires actuelles puissent s’appliquer aux secteurs des services financiers et des assurances.
Être constamment orienté client.
Une stratégie publicitaire efficace implique de ne jamais perdre de vue l’être humain qui se cache derrière le client. Personne n’a vraiment besoin des banques ou de leurs produits. Les gens ont surtout besoin de services leur permettant de mettre à l’abri leur argent et d’y accéder en toute sécurité, et de conseils et outils pour atteindre leurs objectifs financiers. Ils n’ont pas besoin de courtiers et de polices d’assurance, mais d’être protégés contre certains risques. Finalement, ils doivent pouvoir faire confiance à ces établissements.
Si l’hyper-orientation client n’a rien de nouveau, bon nombre d’entreprises ont toujours du mal à surmonter les obstacles internes du cloisonnement entre les équipes marketing, du manque de cohérence entre les différentes campagnes et de l’incapacité à prouver l’attribution qui provoque des expériences publicitaires interruptives.
Les annonceurs FSI peuvent prendre deux mesures pour surmonter ces obstacles :
- Utiliser des technologies publicitaires centralisées et cross-canal pour obtenir une vue d’ensemble de chaque étape du parcours ayant débouché sur l’achat d’un produit ou la souscription d’un service.
- Employer ces mêmes technologies pour segmenter les audiences en fonction des emplacements les plus favorables aux interactions — et de la source de celles-ci — dans le respect absolu des normes en vigueur.
L’investissement dans les outils de segmentation de l’audience est gage d’une meilleure visibilité publicitaire à travers les différents canaux et, in fine, un message adapté à la cible à l’instant T.
Rendre les messages personnels adaptables.
Ce n’est pas faute de le répéter : un jeu statique de créations ne suffit pas. Celles-ci doivent être adaptées à l’écran, au canal, à l’instant et à la personne — une tâche monumentale dans le cadre d’un processus manuel, qui impose au designer de créer chaque itération et où chaque modification doit faire l’objet d’une validation.
Lorsque le coût de création de designs variables est élevé, il est tentant de se contenter d’une publicité générique, au risque de ne pas trouver écho auprès du plus grand nombre — pire, elle risque même de ne toucher personne.
Il existe pourtant une autre possibilité.
Au lieu de passer des heures à redimensionner chaque publicité individuellement, l’équipe de design peut concentrer ses efforts sur un concept créatif inédit pour le lancement d’un produit ou une campagne. Les matières premières graphiques et les spécifications de design constituent par la suite une bibliothèque accessible pour créer, optimiser, tester et actualiser automatiquement les publicités à la volée. Dans ce scénario, l’automatisation n’empiète pas sur les plates-bandes des créatifs : elle les aide à se consacrer pleinement aux tâches à forte valeur ajoutée dans lesquelles ils excellent.
Assurer la cohérence pour gagner en fiabilité.
Les consommateurs sont de plus en plus à l’aise avec la gestion de leurs finances en ligne. Ils sont désormais tout aussi susceptibles de régler une facture sur leur téléphone pendant leur trajet quotidien en métro, ou encore de planifier leurs investissements sur leur lieu de travail privé, que de se rendre en agence.
Si les entreprises doivent adapter leur publicité en fonction de chaque interaction, le cœur de leur communication doit être cohérent pour développer leur notoriété de marque et la confiance qu’elle suscite dans un monde où l’attention et la fidélité deviennent chaque jour plus volatiles. Que vos clients entendent parler d’une nouvelle formule de carte bancaire via un podcast sponsorisé, d’une meilleure police d’assurance par le biais de publicités sur leur smartphone ou de ces offres par leur conseiller en personne, ce qu’ils attendent, c’est de la cohérence.
Les consommateurs sont influencés par leurs recherches et vérifient les offres via des sources en ligne et hors ligne. En reliant ces sources de données disparates, les établissements financiers peuvent s’assurer d’une présence cohérente sur les différents points de contact, chaque canal constituant une nouvelle opportunité d’établir des liens par le biais de messages clairs et pertinents.
Quand la confiance et la fiabilité sont au centre des valeurs, celles-ci doivent se refléter dans chaque aspect de la diffusion publicitaire. Cela implique d’avoir une vue d’ensemble de ce qui fait écho, à quel emplacement et pourquoi, et de tirer parti de cette information pour développer une interaction authentique. Au final, il est contre-productif de harceler un consommateur au sujet d’une nouvelle assurance sur Facebook s’il a déjà rejeté l’offre envoyée par e‑mail.
En s’appuyant sur des systèmes back-end qui créent des expériences cross-canal cohésives, les établissements financiers peuvent gagner en cohérence sans transiger sur la valeur.
Utiliser les données client de la façon réellement souhaitée par les intéressés.
Avec la multiplication des canaux et appareils utilisés par les consommateurs pour interagir avec les établissements financiers, il devient de plus en plus difficile d’obtenir une vue claire de chaque interaction avec chaque publicité ou point de contact. C’est pourquoi l’importance des données ne cesse de croître.
À l’image de Facebook et Google, les géants des réseaux sociaux et des moteurs de recherche dégagent souvent une impression d’opacité concernant le contrôle des interactions et la mesure de l’impact réel. Entre les rapports d’attribution contradictoires, les performances des agences publicitaires et les conflits entre indices de performances internes, il demeure difficile pour les annonceurs d’identifier les véritables facteurs d’influence.
En parallèle, avec l’inquiétude grandissante vis-à-vis de la confidentialité, des fraudes et de la protection de la marque, les clients se montrent de plus en plus intransigeants concernant la transparence du marketing et de la publicité. S’ils sont disposés à fournir leurs informations lorsque cela leur semble justifié, ils veulent savoir précisément quand et comment elles sont utilisées.
Compte tenu des enjeux liés au traitement des données personnelles, les établissements financiers doivent planifier avec le plus grand soin leur projets d’exploitation des données, la tâche devant avant tout profiter à l’utilisateur final.
Plusieurs possibilités s’offrent aux acteurs historiques pour ce faire :
- Se charger eux‑mêmes de l’attribution et de l’intégration à l’aide de solutions qui décloisonnent les données et incluent des fonctionnalités d’analytics par canal.
- Externaliser ces activités auprès d’agences et de partenaires technologiques appliquant les mêmes cadres réglementaires.
- Mettre en œuvre des projets de partage des données avec des tiers pour les initiatives concernant la clientèle.
Dans tous les cas, les annonceurs peuvent résoudre le problème de l’attribution en tirant parti d’indicateurs et d’analytics qui unifient les sources de données disparates et identifient quelles publicités séduisent quels clients et sur quel canal.
Les établissements financiers doivent se conformer aux réglementations en matière de divulgation et de protection des informations à caractère personnel (comme le RGPD) en expliquant clairement leurs pratiques de partage des données et en protégeant les informations personnelles non publiques. Cette obligation ne doit pas pour autant nuire à la qualité de l’expérience publicitaire.
Face à la méfiance croissante vis-à-vis de la finance et de la publicité, l’établissement de partenariats légitimes pour tirer le meilleur parti des données devient hautement stratégique.
Prendre conscience de ce qui compte vraiment
Chiffres, produits classiques, réglementations strictes : ces éléments définissent depuis longtemps les services financiers, mais il n’y a aucune raison de ne pas pouvoir y ajouter l’intelligence émotionnelle et une publicité attrayante.
Les annonceurs sont peut-être confrontés à un manque de ressources, de soutien en interne ou de liberté créative, mais ces problématiques ne sont que des ralentisseurs, pas des impasses. Les dirigeants marketing et publicitaires sont capables de mener la transformation au sein de l’entreprise pour développer des relations plus constructives, mais pour cela, ils ont besoin d’aide. S’associer avec des partenaires technologiques leur permet d’adopter des méthodes publicitaires orientées données et conformes qui tiennent compte des nuances propres à chaque canal et échange.
En misant sur une connaissance approfondie des consommateurs, et sur les technologies et outils appropriés, même les établissements financiers les plus traditionnels peuvent atteindre un nouveau standard en matière de publicité qui profite à tous : les dirigeants, qui cherchent la réussite stratégique et l’amélioration des résultats financiers ; les annonceurs, responsables de la mise en œuvre au quotidien ; et surtout, les consommateurs, qui veulent sentir un lien authentique avec les entreprises à qui ils décident d’accorder leur confiance. Ou non.
Les établissements peuvent s’appuyer sur ces consignes pour réévaluer leurs processus publicitaires, faire aller l’entreprise de l’avant et, par là même, orienter la clientèle vers des échanges privilégiés. Tout est une question de confiance.
Découvrez les éléments nécessaires au déploiement d’une expérience publicitaire connectée.
- « Digital Intelligence Briefing: 2018 Digital Trends in Financial Services », Econsultancy et Adobe, juin 2018
- Patricia Orsini, « US Financial Services Industry StatPack 2018 », eMarketer, 12 juillet 2018