Anna Wanda Gogusey : “J’ai toujours su que je voulais être illustratrice”

Anna Wanda Gogusey est aujourd’hui une illustratrice reconnue qui travaille pour des secteurs très différents, de la presse à l’édition en passant par le textile. Elle dessine depuis sa tendre enfance et les carnets de croquis l’accompagnent quotidiennement. Mais si elle reste très attachée au papier, les avantages apportés par le numérique sont devenus incontournables dans ses processus créatifs.

Comment es-tu devenue illustratrice ?

J’ai fait des études d’arts appliqués et j’ai obtenu un BTS en communication visuelle qui ne m’a jamais servi. Il me destinait à devenir graphiste… mais je n’ai jamais été graphiste. Je n’ai toujours fait que de l’illustration. J’ai toujours dessiné. Je ne me suis jamais arrêtée. Même durant mes études je faisais en sorte d’utiliser mes propres images plutôt que des photographies. A la fin de mes études, j’ai réalisé que je voulais réellement être illustratrice. J’ai toujours voulu être illustratrice. C’est une vocation qui m’habite depuis que j’ai l’âge de 3 ans. Donc à la fin de ma formation, j’ai commencé en faisant des affiches de concert et ça a été à la fois le déclencheur et la confirmation que je devais suivre cette voie. Ensuite tout s’est enchainé rapidement, j’ai travaillé dans des domaines variés : la culture, les magazines, l’édition.

Depuis quand les carnets t’accompagnent ? Comment et pourquoi les utilises-tu ?

J’ai toujours eu des carnets. Ça remonte à mon enfance : ma mère préférait que je dessine dans des carnets plutôt que sur des feuilles volantes. J’ai donc des boites entières de carnets que je continue à remplir. J’utilise deux ou trois carnets par an. Au départ, ils servaient essentiellement pour réaliser mes dessins alors que maintenant je les utilise comme bloc-notes. C’est un support de réflexion et de préparation avant la réalisation d’une illustration finale. Ces croquis sont rarement bien faits. C’est l’équivalent de l’écriture de médecin mais en version dessin. C’est mal fait mais pour moi ça suffit. Je dois seulement pouvoir relire une idée que j’ai capturée lorsqu’elle m’est venue.

Quelles sont tes inspirations au quotidien ? Comment définirais-tu ton style ?

Je m’inspire de beaucoup de choses. Mes sources peuvent prendre des formes très différentes : un podcast, un livre, un film, des images… De ces matières premières viennent des idées que je note rapidement dans mes carnets.

Je qualifierais mon style de surréaliste avec une coloration très pop. Mes dessins sont parfois volontairement absurdes avec une dimension étrange pour tempérer le côté « mignon ».

La musique joue également un rôle très important pour moi. Elle fait partie intégrante de mon processus créatif. J’ai le sentiment que ce que l’on écoute quand on est jeune nous accompagne toute notre vie. J’ai beaucoup écouté la musique des années 70, le rock garage, etc. Ces années rock ont eu une incidence importante sur mon style et mes débuts dans l’illustration. Mes premières créations d’affiches, par exemple, sont nettement inspirées par les mouvements créatifs de ces époques. Ce rapport à la musique et l’inspiration qui en découle m’accompagneront très certainement pendant très longtemps.

Tes première affiches sont en effet très proches de celles du mouvement rock des 60s dans lesquelles la typographie a une place importante. Quelle est ta relation avec la typographie ?

Amour et haine ! C’est compliqué. Lors de mes études de graphisme on m’a toujours forcée à utiliser des typos sur ordinateur. J’avoue que je n’y connais pas grand-chose. J’ai un peu de mal à les distinguer les unes des autres. En revanche, j’adore dessiner les typos moi-même, et donc les « inventer » pour des affiches ou des illustrations.

Quelle place prend le numérique ?

J’ai grandi avec l’outil numérique. Lorsque j’étais jeune il y avait des applications mais qui ne permettaient pas réellement de dessiner. Quand il a fallu faire des dessins avec une approche plus professionnelle, je suis passé par le processus classique consistant à dessiner sur papier puis scanner mes dessins, les nettoyer, les vectoriser puis les colorier. Mais mes images n’étaient pas parfaites. Les outils ne me permettaient pas d’obtenir un résultat optimal. Mon style de dessin a évolué en même temps que la progression des outils. Aujourd’hui, avec le numérique je peux dessiner de façon plus fine, avec beaucoup plus de détails. Le fait de pouvoir dessiner directement en vectoriel est devenu un réel avantage qui me simplifie énormément la vie !